Sévèrian

Journal de Sévèrian, Année 1326 - Collines de Kesse :

[ Posté sur le forum de la guilde SdC le 24 mars2013 ]

 

3ème partie - Sur la trace des disparus

66ème jour du Zéphyr  (8 mars 2013)

Journée tranquille. Beau, pour une fois, et chaud. Il n’y a presque plus personne au fort, du coup, presque plus de corvées non plus. J'ai passé l'après-midi à lire, installé dans l'arbre à Amaelia, toujours pas fini tous ces fichus livres à étudier. Mais j'y trouve plus de motivation qu'avant, sûrement parce que ces livres sont moins scolaires que tous ces pavés qu'on devait se farcir à apprendre par cœur à l'académie ; une plaie. Et surtout je me sens enfin mieux, du coup j'arrive à réfléchir un peu correctement.

Faendyr est rentré ce soir. Je ne sais pas quand, je ne l’ai pas vu arriver. Mais il était sur les remparts, comme souvent. C'est la dernière fois que je prends sur moi de l’aborder. J'y ai gagné une salve de nouveaux reproches quand il apprit pour le message d'Ariel. Pourquoi c'est moi qui ai dû lui en parler en premier et pourquoi c'est moi qui me prend les remarques ? Ne me semble pas que j'aie quoi que ce soit à décider ici. Adam est arrivé pile pour distraire la discussion. A priori, on aurait dû « faire preuve d'initiative intelligente » si je résume. Bref, lire entre les lignes et partir au plus vite sans attendre son avis. Moi, si je lis un message disant que tout vas bien et qu’il ne faut pas s’étonner du retard, je lis ça au premier degré. Lui non. Adam et moi on s'est fait tout petit, le temps que ça se calme. Départ demain, a dit Adam.

67ème jour du Zéphyr  (9 mars 2013)

On est partis ce matin à l'aube. Moi, Adam, Ama' et Pheelo. Pheel', on aurait dit un gosse en vacance, à courir partout, comme si il n'avait jamais vu dehors. Et il cause. Trop. Il est soûlant si tôt le matin, il ne faisait même pas encore jour. Je l'aurais baffé, secoué et lancé loin, blablabla non-stop... Me suis contenté d'avancer devant tous les autres au plus loin possible.

On a décidé d'éviter le marais, trop dangereux, mais au final c’était une mauvaise idée. On a longé les montagnes au nord, mais les Centaures sont surexcités, personne ne les a jamais vu comme ça. Il paraît que ça fait quelques semaines que ça empire. On a dû attendre de pouvoir rejoindre une patrouille de Séraph' et se taper les combats pour avancer à un rythme de tortue. On a presque hésité à faire demi-tour, mais trop risqué. On va perdre deux ou trois jours d'après le capitaine du groupe pour rejoindre Fort Salma, à l'ouest. Comme si on avait besoin de ça.

Divers jours suivis

* La suite relate l'avancée jusqu'à Claypool et les diverses attaques des Centaures,
en passant par un passage obligé par le fort de Sabotgris pour les Séraphins; le groupe
a perdu quelques jours de plus à aider les soldats en difficulté avant de pouvoir continuer. *

76ème jour du Zéphyr (18 mars 2013)

Promenade de santé d'arriver vers Shaemoor depuis Claypool. Même les bandits nous ont fichu une paix royale. Tant mieux, on a perdu assez de temps comme ça. Mais les Séraph' étaient dans un sacré merdier. En arrivant à la Vallée, on est allé direct au ranch de l'éleveur de Moa. Quand on est arrivé, il râlait tout seul en travaillant. Sur la météo, les récoltes, les maladies, les bandits, les animaux, les taxes, le matériel, les visiteurs  inopportuns, le rendement,  tout…  Et en même temps il engueulait un type qui devait être son employé, jusqu’à ce qu’une femme – certainement la sienne, lui fasse remarquer notre présence ; comme si il nous avait pas vu, sûr qu'il faisait exprès de nous ignorer ; du coup, il a ressorti son couplet de doléance au complet à Adam et Ama alors que je restais en retrait ; il en rajoutait sur pas mal de chose à tel point que j'ai fini par ne plus écouter. Sa femme était gentille, pas comme lui à nous beugler ses histoires de volatiles et de gamins qu’il ne voulait plus voir dans sa ferme. Sauf qu'elle nous pris manifestement pour un couple, Ama et moi. Je crois qu’on a failli exploser de rire en croisant nos regards.
Finalement, ce type, Mépi, a décidé de changer de sujet et de passer à l’événement marquant de l’année, la tuerie de ses voisins ; il forçait sur les détails de comment il avait trouvé les corps calcinés derrière leur maison dont l’intérieur étais baignée de sang jusqu’au plafond. Il a tellement donné dans le détail que ça m’a coupé l’appétit. Je ne sais pas s’il était bon dans son élevage de volaille, mais dans le genre racontars, il n’était pas mauvais. Ca manquait de style, quand même, un peu brut.

On a quand même réussi à lui faire dire qu’il avait vu nos deux disparus – il les avait pris pour des gens pas nets, ça ne m’étonne qu’à moitié, mais savoir où ils sont partis, c’était trop lui en demander. On a pu partir de sa maison après avoir écouté trois fois de suite ses plaintes, les dernières rumeurs, et lui avoir assuré que non, il n’y avait vraiment rien de spécial dans la région actuellement et que oui, on se préoccupait de la disparition de la fillette des voisins. Mon œil. Le truc qui a fait fuir ses bestioles à plumes ne dois pas être très loin quant à la fille, je ne suis pas sûr qu’elle fasse vraiment partie de nos préoccupation. Une gamine. Si ça ne tenait qu’à moi je resterais à la chercher mais Adam l'a bien dit, ce n’était pas la priorité, là, tout de suite. Je ne suis pas de son avis mais je vais éviter d'en rajouter.

77ème jour du Zéphyr (19 mars 2013)

* Rien de spécial, le groupe a refait le tour de la partie ouest de la vallée sans rien de neuf.
Sev' relate sa rencontre avec une petite rouquine d'une ferme voisine de Shaemoor. *

78ème jour du Zéphyr (20 mars 2013)

Aujourd'hui on a fini de faire le tour des fermes et du moulin autour du ranch, par acquis de conscience. On s'est retrouvé à l’auberge de Shaemoor en fin d’après-midi. Adam a tenu à discuter et à faire le point pour l’envoi du rapport au fort. Encore un qui ne dira rien de plus. On suit la trace, mais rien de concret. Je suis content d’être très, très loin du fort et de ne pas devoir faire un rapport oralement face à Faendyr. J’ai eu ma dose de sa mauvaise humeur, même avec raison. Adam est maussade, Ama’ est dans la lune, Pheelo s’est esquivé, et je rêve d’un bain chaud et d’habits propres. Adam nous donne quartier libre pour le reste du jour. Quand j’ai parlé de rentrer chez moi et surtout quand j’ai parlé de salle d’eau, Ama’ s’est réveillée tout soudain. Je n’allais pas la laisser en plan et je ne vois pas pourquoi  je serais le seul à profiter des largesses de ma maison ; tout le monde n'a pas cette chance. Ama’ m’a emboité le pas dès qu’Adam est parti. Il n’est pas dans son assiette, la tête ailleurs, je m'inquiète un peu mais on le retrouve demain à l'Arche ; il veut qu’on parte à l’aube (encore!) pour aller voir le frère d’Ariel là-bas. Il paraît que la sympathie, dans la famille, c’est pareil pour tous. Ca promet, vu comment Ariel me regarde de travers.

Ama’ n’aime pas la ville, elle me l'a dit ; c'est marrant, moi, je me sens rassuré et plus à l’aise dès que je passe les grandes portes. C'est chez moi, clairement, même si on ne reste qu'un soir ! Ama’ a été impressionnée par la maison de mon maître. Moi, je la trouve de plus en plus bordélique, encore plus de livres partout que quand je suis parti, comme si c’était possible. Il n’y avait qu’Alonso et ça m’inquiète un peu, parce que maître Théoze est de nouveau parti  en expédition avec le Prieuré. A l’île de Sud Soleil, celle qui vient d'être découverte.Il ne devient pas plus raisonnable avec l’âge ; ça m'ennuie, j'avais envie de le revoir.
Comme à son habitude, Al' nous accueilli arme au poing, tu parles, la frime, il devait m’avoir repéré bien avant que j’ouvre la porte, mais il aime faire son intéressant face à mes amies. Je crois qu’Ama’ y a cru. Mais des vrais cambrioleurs, il ne leur aurait jamais donné le temps de réagir. Forcément, on a eu droit à manger, tout ce que la cuisine pouvait avoir en stock, aux dernières nouvelles et rumeurs et je suis sûr qu’il pense que j’ai des vues sur Ama. Al’ pense ça de toutes les filles avec qui il m’a vu. Désolé Al', pas cette fois.

Ama a pu prendre un bain chaud, un vrai, dans une pièce fermés, rien à voir avec la rivière. Ca me fait plaisir de la voir aussi souriante. Elle tirait la tête ces derniers jours. Elle me dit qu'elle ne m'avait jamais vu « comme ça, aussi détendu ». Si elle le dit... Là, j'écris dans ma chambre. MA chambre, au dernier étage. J'avais oublié ce que c’était, le calme et le silence, un vrai lit et pas ces espèces de matelas de paille du fort. Un mois sans mettre le pied en ville. Seulement. J'ai l'impression que ça fait une année. Ca va être dur de repartir demain j'imagine. Je vais m'arrêter là sinon je ne dormirais pas du tout.