Sévèrian

[Event LDL] Fancy Geomancy !
ou Les aventuriers de la pierre perdue, ou une mission du Géomancien Dobbs.

[Event de Greg, 24.07.2013]
Ceci est le point de vue du personnage. Les informations ci-dessous ne sont pas de notoriété publique.

24ème jour de la saison du Scion 1326 Ap.E.

 

I. En route, mauvaise troupe !

La bâtisse du Pavillon m’apparut dans son ensemble dès que j’ai eu dépassé les écuries à Moa. Comme à chaque fois que mes pas m’y amenaient, j’avais du mal à ne pas ressentir une légère appréhension. Je  la mettais sur l’affection que je portais pour les deux amies que j’y avais et l’inquiétude qui me taraudait quand je savais que quelque chose n’allait pas pour elles. Et ces temps-ci, c’était surtout la petite rôdeuse à qui je pensais, disparue depuis des jours. D’ailleurs, à peine passé la porte, c’est elle que je cherchais du regard, essayant d’apercevoir  sa chevelure sombre parmi la foule. Presque une dizaine de personnes rassemblées, mais pas elle ; on me le confirma d’ailleurs très vite, à peine salué les quelques têtes qui me disaient quelque chose. Rowan qui semblait faire le service, la belle Ankarine (il faudra vraiment que j’aie l’occasion de l’aborder à l’occasion) et d’autres dont les noms ne me revinrent pas de suite,  la petite asura Clairr, qui étais adorable comme à chaque fois que je la voyais. De toute manière, je n’ai pas vraiment eu le temps d’y réfléchir plus avant ;  Rowan m’a hélé par-dessus le comptoir pour me proposer, là, de suite,  d’accompagner quelques-uns de ses mercenaires à l’extérieur.  Je n’ai même pas demandé où, qui, ni pour combien. Ama’ n’étais pas là, Tae non plus. Ca ne pouvait être que plus intéressant qu’une soirée à ne rien faire !

La mission était très simple, comme je le compris très vite. Escorter un vieux scientifique au sud de la Vallée, dans une grotte quelconque. Pour tout dire, il avait tout à fait la tête du vieux scientifique. Cheveux et barbe grise, pas très grand, sec comme une vieille branche tombée à terre, des lunettes bizarres sur le nez, un sac qui paraissait contenir toute sa vie sur le dos tellement il était gros. Je comprenais qu’il ait besoin d’une escorte et j’ai  eu la pensée fugace que je n’avais pas envie de devenir comme ça, plus tard. A part moi, il y avait Clairr, Mahaut (une Elonienne d’un certain âge dont le nom me revenait en l’entendant prononcer) qui étais le responsable du groupe, un jeune gars que je ne connaissais pas et qu’elle a appelé Val et un autre, une espèce de montagne de muscle aussi large que haut que tout le monde nommait Mat. Le genre de type devant qui vous évitez de faire le malin et qui vous envoie gicler à l’autre bout de la pièce d’une simple gifle. Rassurant pour la suite, en tout cas. Le temps que chacun soit prêt et nous sommes partis d’un pas sommes toute tranquille, limite ballade, vers le sud. Pour une fois, j’étais plutôt content de me bouger, pas de géant de glace en vue, pas de Norn acariâtre, pas de monstre éthéré mangeur de fillette.  Ca ne pouvait que bien se passer !

Ce fût effectivement une pure ballade tant qu’on était sur la route. Mais dans la Vallée, les routes sont devenues largement sûres depuis que les Séraphins tiennent les centaures à distance. Ca n’est plus vraiment le cas dès qu’on s’écarte et qu’on pousse dans les terres un peu plus sauvages du sud. En fait, on s’est très vite retrouvé en pleine zone centaure à faire cache-cache avec les patrouilles ; après avoir dû faire un peu d’escalade pour éviter les chemins prometteurs de mauvaise rencontre, manquer se ramasser au bas d’une pente presque à pic où j’ai cru que j’y laissais une cheville en miette, on a débouché à l’entrée d’une gorge entre deux collines que, d’après Dobbs (le vieux scientifique qu’on accompagnait), nous devions traverser pour parvenir à sa grotte. Et là, ça s’est compliqué. Nous avions une patrouille sur la route et une sentinelle en hauteur. Comme toujours, il a fallu mettre au point un plan qui tienne a route et après dix minutes de discussion, il s’est avéré qu’on n’avait pas d’autre choix que d’éliminer la surveillance si nous voulions passer. Mahaut et Mat’ ont été chargés de supprimer la patrouille de deux centaures qui faisaient des va-et-vient sur la route pendant que Val’ éliminait la sentinelle, distraite par une illusion de Clairr. Et moi ? Et bien moi, une fois le passage en hauteur libéré, j’allais faire en sorte que le reste du camp au sud de la colline ait de quoi s’occuper en mettant le feu à leurs cahutes. Le plan était simple et son application suivi point par point ce qu’on avait mis sur pied. A peine la sentinelle eût elle le temps de lancer un cri qui sembla se perdre dans l’air, contrairement à nos craintes, aucun autre centaure n’apparut. Une fois que j’ai mis le feu depuis le haut de la colline et rebroussé chemin avec Val’ et Clairr, profitant du chemin dégagé, nous avons tous passé à côté des corps des patrouilleurs puis longé la falaise en courant jusqu’à l’entrée de la grotte. Comme prévu, le reste du camp était en pleine effervescence pour tenter d’éteindre les feux allumés par mes soins. Tout se passait magnifiquement bien jusque-là.

II. Au fond du trou.

La grotte était ce qui se fait de plus banal pour une grotte. Une large entrée à demi masquée par les broussailles environnantes, des parois de pierre noirâtre, un sol glissant, des champignons et des mousses dans les recoins ; tout à fait habituel, mis à part le fait que les parois étaient partiellement recouverte d’une substance verdâtre émettant une lumière pâlotte et fadasse (du phosphore, d’après Clairr. Peut-être, peut-être pas d’après Dobbs). Il est vite apparu qu’à part des vers de grande taille, il y avait aussi des araignées à en voir le grand nombre de toiles filandreuses et collantes qui sont apparues en travers du chemin. D’ailleurs, on n’était même pas encore entrés dans la grotte, véritablement, que Mat’ a émis des réserves sur une prétendue malédiction, des racontars de bonne femme qui m’ont bien fait rire sortis de sa bouche. En somme, il avait la trouille et il a fallu que tout le monde avance pour qu’il suive de mauvais gré. Comme quoi, on a beau être balaise comme un taureau, ça ne prouve rien. Pour moi, c’était un trou dans la montagne où il fallait faire attention de ne pas se prendre les pieds dans les rochers, simplement.

Avant d’entrer, Mahaut et moi avons préparés des torches que j’ai enflammées. Clairr avait un bidule Asura qui l’éclairait, le vieux, Val’ et Mat’ rien du tout. Mais entre la lueur des parois et les deux torches, c’était bien assez pour le groupe. On a suivi le vieux qui semblait ne pas en être à sa première expédition et sommes rapidement descendu dans ses entrailles (de la grotte, pas de Dobbs). Les distances et le temps changent selon que vous êtes en dehors, au soleil, ou sous la terre. Ainsi, je serais bien incapable de dire combien de temps on a marché, ni quelle distance on a parcouru, mais à force de descendre on a fini par déboucher d’un couloir sur ce qui semblait une grande salle dont le plafond devait culminer au niveau de l’entrée, c’est-à-dire des dizaines de mètres en dessus de nous. Au niveau du sol et qui remontait vers le couloir, on voyait flotter une espèce de brume verdâtre qu’aucun vent ne faisait bouger. On a tous stoppé à la limite de la brume et Clairr est parti vérifier une hypothèse. D’après je ne sais quelles mesures qu’elle a pu faire en bas, cette brume étais surtout un gaz et inflammable, en plus de ça. Autant dire que Mahaut et moi avons éteint nos torches vite fait. Ca, c’est une chose que je déteste fortement ; être réduit à l’impuissance avec l’interdiction de jouer avec le feu ! C’est fou ce que j’ai l’impression d’être démuni dans ces cas-là. Enfin, avec Mat’ et les autres, je ne voyais pas ce que je pouvais risquer. On a fini par faire les quelques mètres qui nous séparaient du fond de la grotte, en pénétrant complétement dans la brume gazeuse.

Dobbs a commencé à farfouiller au sol, à petits pas sautillants, prenant une pierre, une autre, l’examinant…  Sans véritable lumière, on ne distinguait plus que des silhouettes à quelques mètres, on est tous restés bien groupés, attendant qu’il ait fini par trouver SA pierre, celle pour laquelle il était là. Petit à petit, on a avancé dans la salle. Le fond étais plutôt sec et l’ambiance vaguement verdâtre,  toujours à cause du revêtement des murs. Et Mat’ a recommencé avec ses craintes stupides. Il nous a tous fait peur en étant sûr d’avoir vu une araignée géante. Et puis c’est allé crescendo, il a commencé à paniqué à être sûr qu’il y en avait partout, vrai de vrai, à tel point qu’il a réussi (et je ne m’explique toujours pas comment j’ai pu en arriver là) à me donner envie de le faire taire à coup de n’importe quoi qui passait par là, un rocher, un bâillon, l’idée même de le réduire en cendre m’est passé par la tête. Idée stupide, surtout dans un gaz inflammable, mais après coup je sais que j’étais dans un état qui n’est pas habituel chez moi. Je ne m’énerve pas envers les gens, c’est très éloigné de mon caractère. Mais passons. Si ce n’était que ça, sauf que Mahaut et Val’ ont commencé à ne plus rien voir et tâtonner pour s’y repérer, Clairr à voir n’importe quoi, ça a été la grande panique durant quelques minutes et ça a failli salement dégénérer ! Seul le vieux restait tranquillement à fouiller ses rochers. Et puis Mahaut et Clairr se sont rendu compte que le gaz n’était pas aussi inoffensif qu’il en avait l’air et que nous devions gentiment être en train d’être intoxiqués par ses vapeurs, d’où les effets bizarre ressentis par chacun ! Vite fait bien fait, Mahaut a ordonné à tout le monde de remonter. C’est juste à ce moment-là que Mat’a complétement pété un câble et s’est rué dans la grotte en hurlant face à son araignée imaginaire…

III. Ca passe ou ça casse !

Alors que Mahaut filait au pas de course essayer de récupérer Mat’ (ou du moins, aussi vite qu’on puisse dans une grotte obscure sans se casser la figure), Clairr a fait en sorte de nous tirer hors de la brume, Val’ et moi, en nous tenant par nos manteaux. Cette petite est vraiment exceptionnelle ! Dobbs a suivi en marmonnant quelque chose du genre qu’on aurait dû lui demander plus précisément les effets de la brume avant d’y entrer ; au moins il avait trouvé ce qu’il cherchait et tenait un caillou en main. Quant Mahaut est revenue avec un Mat’ hors de lui, elle a passé un savon au vieux mais je ne suis pas sûr que l’intéressé ait vraiment percuté ; à part le fait qu’il était sourd comme un pot et ne comprenait qu’un mot sur deux, et encore, ceux qu’il voulait bien, je me demandais si il avait encore toute sa tête parfois.  Heureusement, les effets indésirables du gaz se sont estompés dès qu’on est sorti de la  vapeur et j’ai pu refaire de la lumière. Du moins, j’ai maintenu une flamme au creux de ma main, vu qu’on avait balancé les torches. On a repris le chemin inverse pour remonter à l’air libre. Et là on a l’a eu sacrément mauvaise. Durant le laps de temps écoulé au fond, les centaures s’étaient réorganisés et patrouillaient partout. Mais vraiment, partout ! Il était devenu impossible de sortir par là d’où on venait sans se faire surprendre par le camp au complet. On était coincés.

Clairr, depuis derrière, nous a tous appelé en nous assurant qu’il devait y avoir une autre sortie. Je l’ai suivie, puis les autres nous ont rejoints et elle nous a montré un passage à flanc de paroi qui semblait descendre et continuer dans les profondeurs. C’était peut-être un cul de sac, mais sur l’instant, on n’avait pas mieux à faire et tout le monde a été d’accord pour tenter l’exploration.  Au mieux, nous pouvions déboucher loin des centaures. Au pire, on attendrait qu’ils se calment pour passer par l’entrée. Après quelques mètres seulement, le passage obligeait à sauter en contrebas. Heureusement, Dobbs avait de la corde dans son sac qui nous permis de passer en nous y accrochant. Du moins, moi et le vieux, parce que les autres ont préférés sauter les 2 mètres de vide. Très peu pour moi, ce genre d’acrobatie, j’avais déjà failli me tordre la cheville méchamment une fois en venant, je n’avais pas l’intention de réitérer ! J’ai donc fais comme le vieux et joué la prudence. Je n’ai qu’une vie et j’y tiens ! Seulement, le reste du chemin a été à l’avenant. Des passages entre deux rocs en équilibres, des escalades au-dessus du vide, sauter en haut, en bas, de côté… Une sainte horreur, les 6 m’en sont témoin, je n’ai pas la moindre idée de comment moi et le vieux avons fait pour passer. Sans sa corde et sans l’aide de Mahaut, je pense qu’on serait actuellement en train de nourrir les vers de la grotte, aplatis 10mètre plus bas. Et les autres qui jouaient les cabris à prendre de l’avance, à croire qu’ils font ça tous les jours. Après pas loin d'une bonne heure à ce rythme, de ce qu’ai estimé, et après avoir pensé plusieurs fois que je n’avancerai pas d’un pouce de plus, on a fini par déboucher à l’air libre sur une plateforme rocheuse. C’était pour découvrir qu’en fait de sortie, nous nous trouvions désormais au-dessus du camp centaures…

Il y eut un moment de flottement, avant que Mahaut ne découvre un passage entre les rochers qui nous menaient au sommet de la montagne dans le ventre de laquelle nous venions de crapahuter avec plus ou moins de bonheur. Le soulagement qui nous envahi à ce moment-là  étais presque palpable. Vite fait bien fait, nous avons repris la route après quelques minutes de repos bien mérités. Cheminer sur la crête fût une rigolade en rapport de ce que nous venions de faire et nous permis d’éviter les centaures en toute sécurité, pas un ne nous repéra. Une fois dans la plaine, retrouver la route fût un jeu d’enfant et bientôt, le Pavillon de chasse apparu au loin. Pour la seconde fois de la soirée, je levai les yeux sur la façade, mais cette fois en sachant ce que je venais y faire. Il n’y avait plus personne et le tavernier nous informa que les autres étaient à l’Arche du Lion. Pendant que Clairr se changeait, Mahaut bouscula un peu le vieux pour qu’il paye son dû. Comme je l’ai dit,  je n’avais même pas posé la question d’une rétribution. D’ailleurs, je n’y pense jamais, je n’ai pas l’habitude d’être payé pour ce que je fais. Déjà qu’on me demande mon avis me parait bizarre, alors être payé… Finalement, comme chacun des autres, j’ai reçu 1 po. 1 pièce d’or entière. C’est plus que ce que je pensais pour ce genre de boulot, mais ça me permettrait, en faisant attention, d’ajouter quelques semaines de bon à mon autonomie sans toucher à l’argent que m’avait donné Adam et auquel j’étais toujours décidé à ne pas toucher. Je lui avais bien dit que je lui rendrai et je préférai ne pas devoir y recourir pour m’en sortir. En calculant bien, et sans dépense urgente, ça devrais même être plus facile que ce que je craignais. Tae avait raison. Je pouvais peut-être me trouver une utilité après tout et gagner ma vie sans devoir me reconvertir.

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