Sévèrian

[Event LDL] Rencontre imprévue, ou le golem égaré

[ Event impromptu de la part de Vensonge, à la place d'une réunion annulée, soirée du jeudi 19 juin 2014. Totalement indépendant et sans rapport avec une campagne. ]

78ème jour de la saison du Phénix 1327 Ap.E.

 

Il y a des jours comme ça…

La soirée était calme, les gens discutaient, mangeaient et buvaient au pavillon de chasse. Le jeune mage était descendu se mêler à ses compagnons. Cela ne faisait pas une semaine qu’il avait flirté avec Grenth d’un peu trop près et, déjà, l’insouciance avait pris le dessus sur la gravité de la blessure, déjà oubliée, reléguée à un mauvais souvenir de plus, à peine une cicatrice en cours de guérison, une de plus. La magie qui l’avait soigné le laissait, si peu de temps après, presque rétabli, quoique raide et prudent dans chacun de ses gestes, juste quelques douleurs supportables et vite ignorées. Son ancienne amante, aimée, amie et accessoirement sa soigneuse favorite n’aurait pas apprécié le voir déjà, comme si de rien n’était, reprendre ses habitudes sans autre soucis que ne surtout  pas rester au lit, au repos, plus de temps. A l’encontre de ses recommandations ! Mais fi des ordres des médecins, fut-ce ils rousses et jolies. Il était en vie. Le reste n’était qu’accessoire.
C’était donc une de ces soirées où rien ne semblait vouloir se passer. Une petite dizaine de personnes conversaient qui gaiement, qui à voix basse, qui riait aux éclats. Une gamine fouinait, le nez collé à la vitre extérieur ; la petite sœur de la dite soigneuse, petite Victoria curieuse, que ses pas de jeune adolescente avait menée à la bâtisse. Tandis qu’Eskel, autant bourru que frimeur, criait sans gêne sur la gamine, que notre mage, lui, jouait les grands frères vers la même gamine, que de l’intérieur ça ne se préoccupait guère de ces choses-là, bref, que chacun vaquait à ses affaires, soudain, la quiétude fût brisée par l’irruption d’un personnage débraillé qui criait, paniqué, à l’aide, au monstre, à la revenante venue ruiner villes et villages ! Le paysan à bout de souffle, frustre mais pas bête, cherchait l’aide des mercenaires. Sa ferme, ses bêtes, venaient d’être la cible d’une attaque de, il le jure, Scarlett elle-même, il en est sûr, certain, craché ! Il le crie, paniqué, et seule la promesse d’une boisson réconfortante peut le faire se calmer. Il n’en fallait pas plus pour qu’il se retrouve au bar, servi prestement pas notre brave Chiffly.
C’est sans tarder plus que nos mercenaires, sans réellement se concerter, se regroupent et décident d’aller voir de plus près. Bien sûr, personne ne croit à Scarlett revenue, faut pas pousser. Mais, folle sylvarie ou pas, il doit forcément y avoir quelque chose. Un paysan ne s’affole pas pour un filet de brume ou une bête sauvage. Toute l’équipe, pilier de bar 5 minutes auparavant, change de visage, s’arme, prend qui  un manteau, qui une veste, enfile des bottes, ajuste l’armure et prends le départ. Devant, à converser chemin faisant, Atanae par hasard en visite, Emil, Jocelin, Tilly, Vanellope qui trotte pour suivre ce beau monde, Marlon et son air de paladin, puis derrière à la traîne, Eskel, Sévèrian qui n’était pas le dernier à vouloir y aller et ce, sans que sa conscience ne le travaille le moins du monde – à peine espère-t-il qu’Alaeria n’en saura pas un mot, histoire de s’éviter une remontrance de plus, et la petite Vic qu’il surveille de près. On a l’âme d’un grand frère ou pas.

Le chemin de la vallée traverse les collines derrière le pavillon, se déroule au pied du Monastère avant d’aller, à choix, se perdre dans les marécages ou filer tout droit sur les garnisons de la rivière. A la bifurcation, tout le monde se retrouve et, attentif, tente de repérer quelque chose. N’importe quoi. Scarlett ou un monstre ou une raison quelconque d’être là. Les oreilles les plus affûtées, soudain, envoient leur possesseurs flairer l’air du côté de la rivière, en direction du Promontoire et non pas du marais. Une chose de gagnée ! Mais bien vite, ils déchantent car en plus du son, voilà l’image. La bête, énorme quadrupède, ahane et craque, grince, couine. Et « ça » avance sans cesse, lentement, une patte devant, puis une autre, droite, gauche, « ça » grimpe vers le groupe, sûrement, à son rythme. Et sûrement aussi, les détails se précisent ; ce n'est pas une bête, mais bien un golem, un automate de métal et de câbles, de magie et de technologie. La chose est de la taille d'un taureau, d'un grand, très grand taureau, son corps composé de longues et massives feuilles de fer forgées irrégulièrement en guise de carapace, aux bords tranchants, aiguisés et crochus d’où saillent pointes et lames. On l'aurait dit provenir du métissage d'un félin et d'un canidé, mais cette allure, par les six ! Les différentes pièces de métal de sa structure externe ne sont ni posées, ni rivées, ni fixées sur une armature, mais tiennent entre elles d'une indicible façon ne les empêchant pas d'émettre un vacarme de plaintes, de râles et de raclements dès qu'elle bougent. Parfois, lorsque deux écailles de fer se chevauchent un peu trop, on devine plus qu'on ne distingue en dessous une brume, une fumée verdâtre et suintante, comme si l'éthéré pouvait couler, matérialisé. Ses yeux, fentes minces dans le faisceau de lames d'acier sombres qui forment sa tête, laissent voir la même émanation. Le groupe, lui, courageux mais pas téméraire, effectue une rapide et discrète retraite derrière les arbres environnants pour observer le monstre, certains près, d’autres (Sév, Tilly, Vic) bien plus loin. Et l’incertitude monte, prend ses aises, la question muette finalement s’exprime de part et d’autre : le monstre est-il agressif ?
Alors que la bête persiste dans son avancée, butée, nos duellistes s’interrogent et s’encouragent. Enfin, Atanae, notre belle blonde, sort droit devant, à découvert sur l’herbe du bord du chemin. Le monstre la voit, elle est sur sa trajectoire. Il continue. Elle ne bouge pas. La tension monte… Tic, tac… tic… PAN ! C’est Atanae qui pète un plomb et dézingue le monstre à tout va. Ca claque, ça pète, ça ricoche sur le métal ! Mais, caparaçonné d’une telle épaisseur, les balles ne lui font rien. Du tout. Alors Emil surgit derrière elle, de son buisson accueillant qui lui servait de planque, calme, du peu qu’on voit de lui. Ses yeux. Ses cheveux. Il étire son arc, le geste est lent, supérieur, la flèche calée sur sa main, il vise, il tire… Fwwwiiiw… Le monstrueux golem n’est plus qu’à quelques pas quand la pointe acérée s’encoche dans une articulation de la jambe gauche, ou de la patte plutôt, le fait stopper net dans un grondement sourd, le monstre vacille, tente de bondir, s’écroule misérablement sur lui-même, bascule sur sa jambe faible. La vapeur s’effiloche, tournoie, les yeux vert émeraude étincellent, brillants bijoux dans la tête feuillue qui s’élevait auparavant  bien plus haut que les deux humains, maintenant à leur hauteur. Le golem ne riposte pas. Ne fais rien. Il est là, à l’arrêt, seuls s’échappent de lui des mots partiels, atones, aux intonations artificiels, métalliques comme son corps : CLN cent… vingt… huit…  …. Non … Hostile … ... Maintenance… requi… se … … non … … hostile … … desactiva-tion-du-mod-ule… de… sta-bi-li-té-en-tro-pique… re… quise … CLN… cent… vingt… huit… main-te-nance…  Ni ordonnés, ni suivis, les mots, pourtant, continuent encore et encore à frapper de leur sens qui sait écouter.

« Il est gentil ! Je l’avais dit ! » Victoria s’élance, échappant à la vigilance de Sévèrian et de Marlon, les plantant là, vive comme… et bien comme une enfant. Elle se précipite à la tête du golem meurtri, fascinée, une main effleurant son corps aux feuilles ouvragées. A contre coeur, Sévèrian la suit, la rejoint à l’avant du monstre immobile et ne tarde pas, lui aussi, à en oublier l’éventuelle dangerosité de la bête blessée, la curiosité toute scientifique du mage prenant la place de la prudence de l’homme. Tandis que, sur le même temps, le reste de la troupe n’a pas chômé. Atanae, faisant prudemment le tour de l’être gémissant, fît une découverte. Une trappe ! Camouflée sur son flanc droit, admirablement fermée par d’autres feuilles aux bords effilés et tranchants comme des rasoirs. L’ouverture, maligne, ne se laisse pas faire et la blonde abdique après quelques tentatives pourtant pas dénuées de motivation, ce qui lui vaut quolibets et gentilles moqueries de notre Eskel inimitable. Lui aussi, afin de faire bonne figure, tente et… échoue ! Le golem, visiblement, n’en a pas fini avec ses tourmenteurs. Ca discute autour du casse-tête. Qu’en faire, de ce golem étrange, unique, aux relents de magie nécromantique pour certains, élémentaire pour d’autre, simple marionnette quadrupède pour d’autres ? L’éclater ! Le démonter ! Eskel est pour les grands moyens. Emil, Joce, idem. Non, l’étudier ! Dit Atanae. Les deux mages à la tête du monstre qui continue son étrange monologue, la gamine et le jeune homme, Marlon, Vane, ne pipent mot. Tilly revient, elle était au Pavillon chercher LA spécialiste, Xnixxi ! Mais non, impossible de faire sortir l'asura, de la faire venir, elle que ses blessures empêchent définitivement de se joindre à l'affaire. Que faire, alors ? La question n’est pas réglée. Jocelin, enfin, repoussant Eskel avec un air de grand seigneur, s’avance vers la trappe, laissant débattre les autres, tripatouille l’ouverture, écarte largement les feuilles avec précaution, toutefois, pour ne pas y laisser un doigt. Criiccloc… scccitchh…. ploP !Ah ! Ca s’est ouvert. Joce sans peur y plonge la main, fais le fier, nargue ses copains. Nananère. Soudain un cri ! De douleur ! De Joce !! Sa main plongée dans les entrailles du golem et qu’il… retire en riant tout son soûl. Le drôle vient de faire une mauvaise blague à ses camarades et Eskel n’est pas le dernier à s’y faire prendre. Les invectives fusent. Quant soudain…
CCcchchhhhbrrbbrmmmmmm… fait le golem. SCHLIC SCHLAC SBONG TONC ! Tout s’écroule d’un coup, sans prévenir, sans invitation, les feuilles tremblent, les pattes rompent, la tête s’affaisse, le golem semble littéralement s’effondrer sur lui-même. Tout autour, les pièces de son corps, redoutables armes, piques, lames, masse, coupent, broient, chutent, danger mortel pour les curieux trop rapprochés. Atanae, Eskel, Joce, bondissent, Emil s’écarte vivement, Marlon, Vane, trop loin pour être en danger, Victoria fais un salto arrière et notre mage… et bien il subit, réflexes émoussés, manque se faire couper en deux, une feuille du corps, immense, aux bords acéré tels des poignard d’assassins se détachant, chutant droit sur lui, lorsque une tornade l’envoie bouler plus loin, le plaque au sol, à l’abri du piège mortel qui s’effondre avec fracas non loin de l’emmêlis-mélo de corps. C’est Vanellope ! La petite asura qui vient, à nouveau, pour la seconde fois, de sauver la vie du mage.

L’émotion passée, chacun, choqué, navré, dépité ou réjoui, constate le triste destin de l’être de métal. Il n’en reste qu’un amas incertains, immobile, muet, imbroglio de plaques, de rouages, de tubes et tuyaux, de vis, boulons, rivet, mais aussi de gemmes, pierres et métaux précieux, de pièces gravées de glyphes tordues dans la chute, irrécupérables, entremêlées, enlacées dans des tracés complexes et définitivement perdus. Le golem quadrupède est mort. Eteint. La brume vaporeuse n’a pas fini d’étaler ses derniers  relents verdâtres au sol que déjà les charognards se mettent en quatre, fouillent, écartent, lancent, démontent, qui des lames, qui des gemmes, qui des… La plupart des mercenaires n’ont d’yeux que pour ce que va leur rapporter les restes du monstres qu’ils ont tant craint, même pas 1 heure, même pas une demi-heure auparavant. Tilly et Vic font leurs chiffonnières autour des gemmes émeraude des yeux. Eskel, Emil, ressemble à des enfants face à un gigantesque tas de bonbons. Sév cherche, vaguement, des morceaux des glyphes qui entraînaient la fascinante machine, sans succès. D’autres ont les bras pleins. Marlon, Vane, restent à l’écart. Enfin, par défaut, par dépit, lentement, ils s'accordent pour dire qu'il n'y a rien d'autre à faire et décident de rentrer, se mettent en marche en direction du Pavillon accueillant où ils feront l'inventaire. Le mystère reste entier. D’où venait-il ? Était-ce, comme certains l’ont supposé, une créature de Scarlett,  comment est-elle arrivée là depuis l’Arche si c’est le cas ? Et cette technologie, magnifique, étrange, cette magie, les magies, toutes ensemble. Les pas du retour sont plus lents que ceux du départ, les hommes et les femmes chargés, certains du moins. Pour d’autre, seul le souvenir restera et parfois, dans le silence, se fera entendre une petite voix.

CLN cent… vingt… huit… … …. Non … Hostile ………

***

Pour la petite histoire HRP ...

[ Puisque en RP je crois que personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé, le golem s'est soudain désagrégé suite à un sort de la part de Victoria qui a eu une sorte d'illumination face à son fonctionnement, touchant à la ramification des liens magiques, au niveau des glyphes mêmes, la magie qui le tenait ensemble disparaissant d'un coup. Boum patatras ! ]