Sévèrian

[Event LDL] Barouf chez les Centaures

[ Event de Poney, 16.09.2013 ]
Ceci est le point de vue du personnage. Les informations ci-dessous ne sont pas de notoriété publique.

77ème jour de la saison du Scion 1326 Ap.E.

 

I - Sur la route

Je ne savais plus si c’était Anka ou quelqu’un d’autre qui m’avait parlé de quelque chose pour ce soir. Mais je dors tellement mal et tellement peu depuis 3 semaines que de toute manière, j’oublie la moitié de ce qu’on me dit et je n’écoute pas l’autre moitié. Dans le doute, je me suis pointé au Pavillon tout de même. J’ai bien fait, visiblement j’étais attendu. J’étais aussi très à la bourre, du coup. Il y avait Jill, Laureline, Clairr et un petite blonde qui semblait bien être la commanditaire de la sortie. Ciceley, son prénom. Ou son nom, vu qu’elle n’a pas précisé. Mignon. Comme elle, mignonne. Petite, fluette, et coupe à la garçonne. Manteau de cuir. Pas maquillée. Pas le temps non plus de détailler, je la verrais de dos tout le trajet. Direction : les Hinterlands. Pour faire quoi : un raid commando sur une armurerie Centaure. Ca, c’est le genre de chose dans laquelle je suis déjà tout de suite plus à l’aise. Pas de problème de conscience, pas de réflexion inutile, les Centaures c’est « l’ennemi » depuis que je suis gamin. Et puis avec Jill, je le sens bien, toujours. Confiance instinctive. Malgré tout, on s’envoie quelques vannes, sinon ce ne serait pas drôle. Il fallait bien s’occuper sur le chemin ; traverser Gendarran par le nord en se faufilant au pied des falaises, éviter les patrouilles, les camps, puis tracer sur la route aux Hinterlands, quelques échauffourées avec des Centaures isolés, un pont un peu plus pénible à traverser, un bon exercice de travail de groupe, Jill devant, Princesse et moi derrière, Clairr souvent loin devant – elle court vite, malgré sa taille, et toujours le nez au vent ! Elle sait aussi admirablement se fondre dans le paysage, de quoi nous faire peur de l’avoir perdue plusieurs fois. Jill se bat à l’épée, au combat rapproché, ça fait un peu bizarre mais il se débrouille bien, l’animal ! A croire qu’il a fait ça toute sa vie.

Le camp de départ était un camp de mercenaires sur une colline, entouré de falaise sur deux côtés. Le genre avec un point de vue imprenable sur la plaine et son lot de types à la figure ravagée par les combats pour gérer le tout. On sentait tout le campement prêt au départ, ils n’attendaient que nous. Leur mission : nous servir une diversion aux petits oignons ; pendant qu’on infiltrait la grotte de l’armurerie  par le sud, eux attaqueraient le nord. Facile de comprendre à leur nombre pourquoi ils engageaient ailleurs. Pas assez nombreux et pas vraiment taillés pour de l’infiltration. Je préfère ma place à la leur et je me demande laquelle est la plus dangereuse… Pas sûr que ce soit la nôtre. La petite blonde nous a remis deux sacs chargés de bombes, un à Jill et un à moi. Des explosifs artisanaux, 3 bons kilos chacun, 5 en tout, une mèche et suffisamment de charge pour faire sauter le pavillon au moins 3 fois. La seule difficulté vient du fait qu’il va falloir les placer vers la sortie du nord, du côté du camp principal Centaures, donc du côté de la diversion, et pas au passage sud par où on va entrer, ce serait trop simple autrement. Quelques dernières explications, un salut en bonne et due forme et les deux troupes s’ébranlent. Forcément, la nôtre est nettement plus discrète. On passe par la plage pour éviter la route, trop dangereuse et fréquentée par les patrouilles. Une fois au pied du camp, on longe la falaise, c’est pas vraiment la zone idéale pour se camoufler dans le paysage, un arbre tous les dix mètres, et encore quand il est sur pied, de la plaine rase à perte de vue entre les montagnes. On se faufile comme on peut entre les rochers pour grimper sur un surplomb, de là on a une vue parfaite sur les centaures et la fameuse entrée de la grotte. Patrouille, gardes, la totale. On attend sagement la diversion en cherchant un moyen rapide de descendre ; une pente un peu moins raide, aux prises nombreuses, ce sera du sport mais ça passera.

II - Au boulot !

Avant qu’on ait le temps de devenir nerveux, une explosion retentit loin au-delà de la montagne, au nord. Nos petits camarades semblent tout mettre en œuvre pour attirer l’attention et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça fonctionne ! La patrouille revient sur ses pas au triple galop pour s’engouffrer dans la grotte, les gardes anxieux restent à leur poste en hésitant mais surveillent plus l’intérieur que la plaine. On profite de se lancer, descente rapide, pas de course, un arbre imposant comme arrêt pour les dernières consignes, la Princesse distrait les gardes en nous faisant disparaitre à leur esprit, on passe, tombe nez à nez avec d’autres gardes à peine le coude d’entrée passé, on les défonce sans réfléchir. Retour au calme. Inspection de l’intérieur. Nous sommes dans une grotte de belle taille, plafond haut, éclairée par de nombreuses torches, aux parois taillés. Un tapis de paille au sol qui amortit les sons, une puanteur de renfermé, de moisi, de cuir et de sueur qui nous accueille. La classe, quoi. Notre intrusion est passé inaperçue, on continue prudemment. On sait de manière sûre qu’il y a deux salles à piéger qui contiennent les armes, en plus de la sortie. On entend des voix qui résonnent devant nous, prudent coup d’œil, la première salle d’arme. Une salle aménagée dans un élargissement de la grotte, avec des râteliers contre les murs et des centaures qui sont restés pour garder le tout. 2, juste à l’entrée, au pied d’une sorte de portique de bois – ils ont le sens de la déco. Les torches qui s’éteignent pour faire diversion, les gardes tournent la tête, juste ce qu’il faut pour leur sauter dessus. Rapide, efficace, sanglant, Jill ne fais pas dans le détail. Je n’ai aucune hésitation à les enflammer, à part le fait de faire attention à la paille, on va éviter de finir en barbecue. Feu concentrée sans excès, on arrive à des miracles de précision quant on sait ce qu’on fait. Ca me rassure pas mal de savoir que j’y arrive encore sous le coup du stress ambiant. Je commençais quand même un peu à douter de moi. On est sensé éviter de les tuer si on peut, mais ceux-là pourraient donner l’alerte alors tant pis pour la finesse, pour l’instant.

Jill place la bombe dans une anfractuosité de rocher, au fond de la salle, trace une mèche avec de la poudre trouvée parmi les armes, ce sera à moi de l’enflammer au retour. On reprend notre avancée, nouveau couloir toujours aussi éclairé, toujours la paille au sol, bien pratique ça, ça commence à monter. On ne croise plus âme qui vive. Enfin, on débouche sur la salle du haut, encore plus haute de plafond. La lumière extérieure nous parvient par la grande faille au-dessus de nous qui sert de sortie, une lueur bleutée, il fait nuit dehors, parfois illuminée de l’éclat d’une explosion. Parviennent étouffés à nos oreilles les échos de la bataille qui a lieu. Alors qu’on avance sur la rampe, un cri d’alerte parmi nous : une patrouille revient! Clairr se cache en hauteur, nous trois retournons précipitamment en arrière, nous collons à la paroi, à peine masqué par le mur. S’ils descendent ils nous verrons obligatoirement. Heureusement, ils restent en haut à discuter, semblent attendre quelque chose. Une voix puissante sortie de la tente qui se dresse dans la salle nous fait sursauter, un centaure en sort, on devine à son ton et aux ordres qu’il donne que ça doit être un de leur chef, peut-être même le chef principal. Il retourne dans la tente, les gardes ressortent, on respire, soulagés. Décision rapide d’ignorer l’occupant de la tente qui ne peut nous voir, la tente est fermée, on débouche dans la salle. Jill et moi allons en avant, vers les parois de la sortie, les deux filles restent en arrière pour surveiller et nous protéger. On se fait tout petit en profitant des paravents de peau, de l’ombre ambiante, enfin à pas de loup nous arrivons dans le couloir de sortie. Au bout, des gardes à nouveau, à peut-être 10 mètres. Ils nous tournent le dos. Jill met une bombe, je grimpe à peine plus haut pour en mettre une seconde, puis lui en passe une qu’il va mettre dans le mur opposé. Il traverse au pas de course, silencieux comme un chat, je retiens mon souffle, personne ne bouge. Il y arrive sans encombre. Je retourne en arrière pour rejoindre le groupe sous une sorte d’échafaudage de bois, on place la dernière bombe parmi les armes placées là. Tout est prêt.

III - Fuyons !

A ce moment, des cris retentissent derrière nous : 2 centaures viennent de faire irruption dans la salle et nous ont vu ! Chez nous c’est la panique un instant. Je fonce au milieu du chemin, essaie de repérer les coulées de poudre qu’on a placé pour la mise à feu des deux bombes dans la paroi, essaie de ne pas penser que je fais une cible parfaite, et tire au jugé. Je dois m’y reprendre à deux fois avant de parvenir à enflammer la poudre, mais bientôt deux serpentins de feu apparaissent dans le dos des centaures. Aucun ne m’a tiré dessus et j’ai été trop rapide pour qu’ils s’organisent. Ils sont largement occupés par le reste du groupe qui les attaque de loin, heureusement pour ma peau ! Au moment où je fais demi-tour, le chef sort de sa tente et lance un cri de ralliement furieux. C’est le moment de prendre nos jambes à nos cous et de nous carapater vite fait hors des lieux. On descend la pente, certains par la muraille en passant par les rochers, d’autres en passant par la pente d’accès et… on tombe nez à nez avec un autre groupe de centaures qui remontaient. Pris en tenaille, on force le passage à grands renforts d’illusions, de gerbes de flammes et de coups d’épées. On traverse et on reprend au pas de course, glissant sur la paille, pas le temps d’engager un combat sérieux où on n’en sortira pas vivant. Arrivé à hauteur de la première salle, je fais un arrêt, enflamme la paille au fond de la salle pour faire bonne mesure, pas le temps de viser la mèche de poudre ça fera l’affaire. Jill, Princesse et Clairr les retiennent dans le chemin, ils sont stoppé un bref instant, juste suffisant, leur chef les harangue en leur criant dessus, mais le gros des forces est dehors au prise avec les mercenaires et il n’a que ce contingent réduit pour nous empêcher de sortir. Le temps qu’ils reprennent leurs esprits, on est reparti. Inutile de vouloir sortir discrètement avec tout le vacarme que notre présence a créé, les gardes de la sortie nous barrent la route et nous ont vus depuis longtemps. Je lance largement au hasard une multitude de flammes contre eux, Jill balaie l’air, Princesse envoie des clones à tour de bras, Clairr bondis partout, insaisissable, ils doivent avoir l’impression de faire face à une armée à ne plus savoir qui attaquer. Le premier s’effondre, touché par Jill, je blesse le second, nous sautons par-dessus les corps au sol, toujours le reste du troupeau à nos basques. La plaine s’ouvre devant nous, sans limite, et nous permet de piquer un sprint, tout droit vers la rivière.

Soudain, alors qu’on fuit, une explosion, énorme, retentit dans la nuit, suivie d’une seconde, puis d’une troisième de longues secondes plus tard. Le sol en tremble et un hurlement de rage se fait entendre. En faisant une brève halte, enfin, on voit que seul le chef continue de nous poursuivre. On pensait en être débarrassé, mais il écume de fureur, lève son arme au-dessus de sa tête en se ruant vers nous à une vitesse folle. Jill crie de le ralentir tandis qu’il s’éreinte à faire partir la fusée rouge qui avertira le reste des hommes de notre succès. Moi et Princesse sommes en arrière, on se lance un bref coup d’œil, la fraîcheur provenant du lac en contrebas me donne une idée. Avec autant d’eau à proximité, je peux me faire plaisir et puiser dedans. Princesse ignore ce que je vais faire, mais elle m’aide ; une onde de puissance m’envahit, j’ai déjà ressenti ça à Brisban et c’est purement jouissif. Je me sens au faîte de ma forme, grâce à elle, et murmure le sort qui transforme en un clin d’œil le sol sous les pattes du chef en une patinoire de glace. Si ça, ça ne le ralentit pas… Aidé par le sort de la petite Princesse, mon gel dépasse mes espérances. Il est lisse comme un miroir poli et plus large que ce que j’ai jamais fait. Le chef vacille, entraîné par sa vitesse, glisse, tombe en roulé boulé, atroce à voir, il semble se disloquer comme un pantin, avant de s’immobiliser enfin, la nuque brisée. Victoire ! Je me tourne vers la jeune fille, l’embrasse chastement sur la joue en l’enlaçant, comme ça, par pur plaisir d’avoir réussi, ensemble. On a réussi notre mission, aucun blessé de notre côté et on vient à nous deux d’abattre un terrible chef ennemi. Il y a de quoi être content, et je le suis ! Je n’attends pas plus et pars rejoindre Jill en courant. Quand j’arrive vers lui, je constate qu’elle n’a pas suivi. Au contraire, elle semble figée sur place. Je l’appelle, Jill aussi, et soudain elle se retourne et se rue vers moi, l’air mauvais et son bâton dressé qui a pris l’apparence d’une énorme hache qui semble bien réelle. Grosse incompréhension, moment de flottement pour nous deux, Jill fini par se placer devant moi alors que Princesse n’est plus qu’à quelques pas, elle s’arrête en me regardant d’un œil furieux, j’ai soudain l’impression qu’elle me déteste, ce n’est pas une comédie, elle veut vraiment me tuer ! Mais qu’est-ce que j’ai fait.. ? C’est à peu près la seule chose qui me traverse l’esprit. Elle m’insulte, me jure tous les dieux que je le payerais et que je suis un salopard… D’accord, si elle le dit. Je comprends enfin. C’est mon geste amical de tout à l’heure qui  la fait réagir comme ça ! Un simple contact physique, un bisou, la prendre dans mes bras… Si j’avais pu deviner ! Je l’ai plutôt mauvaise mais ce n’est ni le moment ni le lieu pour une scène de ménage et dès qu’elle est calmée, plus ou moins, on repart tous dans un silence maussade. Clairr nous a filés entre les doigts et a pris une centaine de mètre d’avance. On retourne au camp sans croiser quiconque, à part quelques griffons grognons qu’on doit chasser de notre route.

IV - Conclusion

Quand on arrive aux palissades, on sent tout de suite que quelque chose ne va pas. Une épaisse fumée se dégage du camp, les soldats de garde nous regardent à peine passer. A l’intérieur, ce n’est que désolation et cadavres. Visiblement, le camp a subi une attaque de représailles alors que le gros des troupes était parti pour la diversion. Des petits groupes reviennent depuis l’autre côté, la plupart sont blessés, l’ambiance est au plus bas. On cherche notre commanditaire du regard, la jeune fille blonde, sans la trouver tout de suite. On discute entre nous pour savoir s’il faut aider, ou les laisser entre eux. Finalement, Princesse et Clairr s’installent près d’un feu de camp et on les rejoint. Il faut avouer qu’on a aussi besoin de souffler. Je suis ignorée par Princesse, Clairr nous regarde curieusement, et Jill semble inquiet. Enfin, lassé de cette ambiance lourde, je me lève et me plante devant la petite brune, me baissant à genoux pour la fixer dans les yeux. J’ai horreur qu’on m’en veuille sans comprendre. Je lui dis qu’elle peut bien se défouler sur moi, me gifler ou tout ce qu’elle voudra, là, de suite. Tout mieux qu’être ignoré. Elle n’en fait rien mais sa menace murmurée à l’oreille me laisse bien entendre que ce ne sera pas si simple de m’excuser. Ca reste tendu. Après plusieurs minutes d’attentes à parler de choses atrocement banales entre nous, Ciceley nous hèle enfin. Elle vient de revenir avec un autre groupe, quelques charrs mal en points, un norn. Elle-même ne semble pas blessée, mais ses traits tirés et son air las parlent pour elle. Ca n’a pas été une partie de plaisir. Elle nous félicite, nous remercie et nous paye, en ajoutant que si on veut rester pour la nuit, on devrait pouvoir trouver des couchettes, mais pour le reste au vu de la situation, il ne faut pas qu’on s’attende à des miracles. Princesse déclare qu’elle va rentrer, je ne peux pas l’imaginer seule sur ces routes et décide de l’accompagner. Jill fais de même dans l’instant, ce qui me soulage, je préfère qu’il soit avec moi pour supporter l’animosité de la jeune fille. Clairr, elle, veut rester au camp pour aider à soigner. Après tout, elle est la seule de notre groupe qui sache soigner. Après qu’elle nous eût rassurés en nous disant qu’elle rentrerait par portail, on a repris la route à trois, directement pour le pavillon. On n’aura pas échangés plus de trois phrases de tout le trajet, je crois bien, entre fatigue et morosité. Arrivés au pavillon, il n’y avait personne et aucun de nous n’avait envie de prolonger. Princesse est rentrée chez elle, du moins je suppose, ne sachant où elle habite. Jill et moi avons rejoint le dortoir. Demain est un autre jour… et il faudra que je creuse cette histoire avec la petite.