Aéllys

Le navire II - Retour à terre

Avant tout:
" Ceci mis fin à l'aventure maritime de mon elfe. Envie d'un peu plus de Pvp, envie de rejoindre quelques vieux amis, divergence d'opinion faisant que j'ai eu envie d'aller voir ailleurs. Je suis retournée dans mon ancienne guilde Pvp, Oeil pour Oeil, suite au retour de Waynn son Gm, comme vous pourrez le lire. Ces deux textes font ainsi le lien entre les deux. "

 

Le Saint Greyneas croisait au large d’Auberdine. Il revenait d’une longue mission qui lui avait fait remonter tout Kalimdor, en recherche des navires se tenant à l’écart des routes maritimes habituelles. Ses cales étaient emplies des recettes des pillages, provisions et marchandises diverses. Le navire se préparait, dès le lendemain, à aborder la route du retour en direction de Gilnéas, d’abord, puis d’Hurlevent dans la foulée, son port d’attache principal. Tout était calme, la pleine lune baignait toute chose de sa lueur irisée. L’équipage goûtait à un repos bien mérité.

Une ombre, seule, ne dormait pas. Aéllys était tout à fait réveillée, appuyée contre le grand mât sur le pont supérieur. Ses yeux brillants fixaient la côte, elle humait l’air frais de la brise nocturne, empli des senteurs familières des forêts millénaires. Elle resta ainsi, immobile, de longues minutes. Des heures peut-être. Le temps semblait s’être figé dans cette contemplation solitaire. Enfin, elle tourna la tête vers l’avant du navire, les cabines, et soupira longuement. Lentement, elle descendit dans les tréfonds du navire, alla à sa place de repos et pris un grand sac de voyage qu’elle empli de ses affaires. Un sac. Sa vie tenait dans un si petit espace. Toujours aussi silencieusement qu’il est possible à un elfe de l’être, elle remonta dans les coursives et s’arrêta devant une des portes. Celle du capitaine Shabhal, le nain, son meilleur ami et compagnon de route. Elle prit une lettre glissée dans la ceinture de son pantalon et la fit passer par-dessous la porte. Il comprendrait et pourrait mettre le reste de l’équipage au courant, Hedessa surtout… Elle lui en voudrait, c’est certain. La lettre disait ceci, en substance :

« Mon cher ami,

Je te remercie de ton amitié et de ta présence, mais le temps est venu pour moi de retourner à mon élément. Chez moi. Je ne peux me faire à cette vie en mer, malgré les combats, les richesses à récupérer et mes compagnons à qui je n’ai que peu à reprocher. Cette nuit, Orneval m’appelle et je vais y répondre. C’était une expérience intéressante, mais ce n’est vraiment pas pour moi.
Tu pourras expliquer ça à Dame Hedessa, moi, je n’en ai pas le courage. Je la remercie de la confiance qu’elle a mise en moi et tu peux l’assurer, je serai là si vous avez besoin d’aide. Je lui laisse le solde de ma paye, en dédommagement.
Salue mes compagnons, même la gnome malgré nos différends.

Adieu, qu’Elune vous garde tous,

Aéllys »


L’elfe hésita un court instant encore puis s’avança résolument sur le pont. Là, elle siffla doucement. Ash, son lion, apparut lentement de derrière un tas de cordage et vint se frotter amicalement à ses jambes, faisant entendre un léger ronronnement de contentement. Elle lui murmura à l’oreille, en le caressant d’une main.

« Paix mon gros, tu sens ces odeurs ? Tu entends ces bruits ? Nous sommes chez nous. Ca te plairait d’y retourner ? *sourire* Allez, viens. »

Aéllys fit un léger signe de la tête en direction de l’échelle qui descendait mollement le flanc du navire, là où le bastingage était ouvert à niveau du pont. Elle s’engagea sur les échelons de corde et se mit à l’eau, son sac en bandoulière. Le lion hésita un instant puis, voyant que sa maîtresse s’éloignait, il sauta et fit éclater une gerbe d’eau en arrivant en bas. Rapidement, il rejoignit l’elfe. Tous deux prirent alors rapidement de la distance avec le Saint Greyneas, tandis que devant eux la côte se rapprochai de plus en plus. Bientôt, ils seraient à terre et fouleraient à nouveau le sol d’humus et de feuilles tombées, parcoureraient les sous bois ombrés, sans autre limites que leurs propres envies, sans maîtres, sans ordres...



Hurlevent. Un mois après. Une des nombreuses tavernes de la ville.


L’atmosphère était lourde, emplie des relents de vinasse, de transpiration et de la fumée des pipes. Le bruit des conversations était parfois couvertes par un rire plus fort que les autres ou par les cris de quelque ivrogne jeté dehors sans ménagement pas le tavernier. Au fond de la salle, la tête à demi recouverte par une capuche légère, un lion noir couché sous la table, une elfe observait tout cela, un petit sourire amusé aux lèvres, jouant distraitement avec le contenu peu identifiable de son assiette.

« Héééé mais si c’est pas Aéllys ça ! »

L’humain tira une chaise et vint s’installer à la table de l’elfe, sans attendre une possible réponse de sa part. Il gouta sans gêne le contenu de l’assiette, fit une grimace et se s’appuya sur le dossier avant de reprendre.

« Comment tu peux manger d’la bouffe pareille ! Ca mérite pas l’nom de nourriture ! Qu’est ce tu fais là, j’te croyais en mer, t’a fait comme les rats ? Quitté le navire ! »
*éclate de rire *

L’elfe regarde le malpoli d’un air profondément agacé, fourchette levée dans une main. Elle planta la fourchette à deux doigts de la main de l’humain avant de lui répondre.

« Salut Wayn, moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Comme tu vois, j’suis plus en mer non. Et pour la bouffe, c’est pas pire que ce que j’ai mangé pendant les derniers mois. Mais va y, sert-toi. »

Waynn réfléchi deux secondes en regardant l’elfe, tout en repoussant du pied le lion qui mordillait ses chaussures.

« Hé, tu veux bosser pour moi ? J’recrute, j’ai relancé une compagnie de mercenaires, ça te dit ?? Tu m’connais, je te laisse vivre comme tu veux, tu viens quant tu veux, j’te paye ! Ca te dit ? Allez, dis pas non, j’ai b’soin de gens qui savent se battre ! Et pis tu retrouverai c’taré de Dum aussi. J’suis sûr que t’est fauchée, tu pourra pas r’fuser ! »

Affichant un petit air suffisant, Waynn attendit la réponse. Aéllys réfléchi sans lui laisser voir qu’il avait raison sur ce point. Elle était fauchée comme les blés, sinon elle ne viendrai pas dans les pires tavernes de la ville. Un job… Mais avec lui, encore ! Elle sourit, amusée, en se souvenant de ce qu’elle avait vécu avec la bande de fous qu’il avait réunis, il y avait si longtemps…

« Pourquoi pas… J’peux essayer, après tout. J’ai rien à faire en ce moment. D’accord, je viens quant tu auras besoin de moi. T’a intérêt à me payer correctement par contre. »

Waynn sourit et se leva d’un bond, hurlant à travers la taverne.

« Ho, l’gros, amène une tournée par ici, c’est moi qui paye ! Et d’ta meilleure, pas le truc qu’tu sert à tes clients ! »

Aéllys, atterrée, se cacha le visage d’une main et soupira.

« Mais qu’est ce que j’ai fait moi, dans quelle galère je me suis encore fourrée… »