Aéllys

L'homme - L'adieu (Pleine Lune)

Avant tout :
" Voilà une suite de texte, dont je ne suis pas l'auteur au complet, qui retrace les derniers événements amenant à la mort d'un personnage proche de mon elfe. Le joueur devant stopper le jeu pour diverses raisons, il a mis sur pied la disparition de son paladin. Tout ceci a été écrit pour le forum Rp de mon serveur (Culte de la Rive Noire - RP) et les différents textes postés de cette manière, se répondant l'un à l’autre et rédigés par les principaux protagonistes. Tous les événements relatés se sont effectivement passés en jeu plus ou moins de cette manière.
J'ai repris certains passages en les corrigeant et ajouté des commentaires pour lier et expliquer certaines choses. "

 

Foxton, un homme entrant dans la cinquantaine, est un hors la loi ayant renié les préceptes de la Lumière. Il a dernièrement survécu à un combat qui l'a laissé muet et borgne. C’est l'ennemi juré de Jàck, le chef d'un groupuscule de mercenaires proche de l'Alliance avec de hauts appuis, intouchable, dont le nom de chevalier de la mort était Angélus.

 


Prologue, avant la pleine lune - ALYAE - Sans retour possible

Tout part de là. Foxton a auparavant reçu un avertissement à peine voilé de la part de son ennemi, Jàck, lui signifiant qu’il connaît son point faible, qu'une menace plane sur la fille à qui il tient, Aéllys. Le but, certainement, est de forcer le paladin à rester dans l’ombre, à ne plus se manifester.
Mais c’est le contraire qui se produira. En ayant assez de cette traque continue, Foxton décide de frapper le premier en ayant pleinement conscience des conséquences que cela ne manquera pas d'avoir: sa propre mort. Mais il est las de tout ça désormais, de se battre et de fuir encore et encore; ses derniers actes vont sceller son destin à jamais, pour en terminer une bonne fois pour toute.

Ce texte est ici au début pour plus de compréhension, mais sur le forum il a posté après tous les évènements, comme une explication finale du déclencheur.

[Jàck avait été averti deux jours avant par une simple missive. Un nom, un seul, y était inscrit: "Alyae" Malgré les avertissement, la grande Dranei, insouciante, trop sûre d'elle, continuait à vaquer à ses affaires dans la cité blanche d'Hurlevent, sans autre arme que la conscience de ce qu'elle était. Sa robe flamboyante était facilement repérable parmi la foule, il n'avait eu aucun mal à la trouver.]

L'homme s'avançait tranquillement. Cela faisait un moment qu'il la suivait sans s'en cacher, à tel point qu'elle avait fini par s'y résigner et même, à s'arrêter, à portée de voix de quelques soldats du port. Elle n'avait pas utilisé son orbe de communication pour avertir les autres et désormais, c'était trop tard. Mais elle n'avait pas peur, pourquoi le devrait-elle ? N'était-elle pas capable de se défaire d'un simple humain ? Il s'était approché, marchant d'un pas lent et assuré tandis qu'elle ne le quittait pas des yeux. Etrangement, l'ombre en elle ne se manifestait pas, la force cachée qu'elle possédait restait tapie alors qu'elle devait généralement la réfréner. Mais rien en l'homme n'était suffisamment menaçant pour qu'elle se sente en danger, rien qui nécessite qu'elle fasse appel à ses pouvoirs sombres, si elle pouvait l'éviter.
Le premier coup la pris par surprise, trop rapide, inattendu. Il n'avait pas levé son arme, juste un coup sec bien placé, lui bloquant la respiration. Jamais elle n'avait été confrontée à ça, elle n'y était pas préparée. N'importe quelle autre attaque classique aurait peut être échoué, mais il réussi à la déstabiliser suffisamment pour l'empêcher de réagir sur le moment. L'empoignant fermement par le poignet, il l'emmena hors de vue, loin des gardes trop occupés à discuter pour se préoccuper d'une simple scène de ménage. Incapable de résister, elle dût le suivre, tandis que son sac tombait à terre derrière elle et avec lui, l'orbe et son seul espoir de salut.

Foxton. Si elle avait eu le moindre doute, celui-ci s'était dissipé. Alors qu'elle essayait de rassembler ses esprits, de reprendre le dessus bien décidée à ne pas le laisser arriver à ses fins, elle se sentit violemment projetée contre un tas de planches empilées dans un coin. Le choc, brutal, acheva de la mettre hors de combat ; elle s'écroula, incapable désormais de faire face. Dès lors, l'homme pouvait faire ce qu'il voulait et il ne s'en priva pas. A chaque fois qu'elle tentait de résister, de faire mine de se relever, il la renvoyait à terre jusqu'à qu'elle gise sur le sol, défaite, le visage en sang. Finalement, après un dernier coup de genou en plein visage, il la souleva par la gorge, la forçant à se relever; sans une once de pitié ni une seconde d'hésitation, il enfonça sa main serrée entre ses côtes, forçant jusqu'à ce qu'un craquement sec se fasse entendre. Lorsqu'il eut fini de s'acharner sur elle, il la laissa choir sur le sol, inanimée, et s'éloigna brièvement pour revenir avec le sac de la Dranei resté sur le chemin. Puis, avec des gestes infiniment doux, il la releva et l'appuya, assise, contre les planches. Elle reprit peu à peu conscience de son environnement, son corps brisé parcouru de vagues de douleurs jusqu'à la nausée. Jamais encore elle n'avait eu ainsi conscience d'elle-même depuis son retour, de son corps, de la douleur, du sentiment aigu d'être « vivante » à nouveau. Et il fallait que ça termine ainsi, si tôt... ? Ses pensées se bousculaient dans sa tête, les événements des derniers mois, les gens qui comptaient à ses yeux... Elle fini par revenir à la réalité et vît son bourreau agenouillé devant elle, la regardant avec dans le regard un puits sans fond de regrets. Il passa gentiment une main dans ses cheveux collés sur son visage maculé de sang, les repoussant de côté, puis il lui tendit quelque chose, insistant. Il lui fallut un certain temps avant qu'elle ne comprenne ce qu'il voulait, avant de réaliser qu'il lui tendait l'orbe... Rassemblant le peu de force qu'il lui restait, elle se saisit du petit objet pour, enfin, envoyer un appel à l'aide. Dès que cela fût fait, l'homme lui retira l'orbe et le rejeta au loin, puis il la bâillonna d'un morceau de tissu et, après un dernier geste de la main, lui effleurant la joue, il se releva et se détourna définitivement de sa victime. Vaincue, choquée, elle sombra alors dans une profonde inconscience.

Avant de s'éloigner, il laissa une lettre en évidence pour le maître de la Draenei. L'écriture était celle de Jàck, adressée à Foxton depuis plusieurs jours déjà, avant celle qu'il avait lui même envoyé en réponse; elle ne portait qu'un mot, un nom: "Aéllys". Le paladin avait pris les devant; si son vieil ennemi voulait l'atteindre sur ce terrain, il saurait avant lui ce que ça faisait que de toucher à quelqu'un de son entourage. Oeil pour oeil... Ce choix de porter le premier coup le condamnait, il en était conscient, et ce qu'il venait de faire ne lui procurait aucun plaisir; il n'imaginait que trop ce qui pouvait arriver à l'elfe, à Aéllys. Mais les choses étaient allées trop loin désormais et aucun retour en arrière n'était possible. Plus maintenant.

Après cet événement, Jàck lancera la traque pour retrouver l’elfe, celle-ci ayant disparu de la circulation. Il en a besoin pour s’assurer de pouvoir emmener le paladin où il veut : dans un piège dont il ne sortira pas.

 


Jour 1 - FOXTON - La lettre

Plusieurs jours se sont écoulés et nul n'a plus eu de nouvelles d'Aéllys depuis. Foxton a reçu une nouvelle missive.

" Foxton,

Viens, ce mercredi 25 Aout, à 21h, dans l'arène si tu ne veux pas perdre Aéllys. Refuse, et tu aura sa mort sur la conscience."

Le regard baissé sur ce parchemin, l'âme vibrant de haine dans son enveloppe charnelle abîmée, il lu et relut cette lettre cachetée. Jàck. Jàck.

Autour de lui, la vie ne s'arrêtait pas. Les gens allaient et venaient dans la capitale Humaine, de l’hôtel des ventes à la banque, de l'armurerie aux boîtes aux lettres. Mais lui, lui gardait ce morceau de parchemin entre ses mains, ce morceau de papier qui allait changer sa vie. Ses mains commençaient à trembler elles aussi. Son regard devenait braise. Son aura de paladin commençait à se manifester, celle qui brûlait celui qui s'approchait de trop près. Ses dents entamèrent un chant grinçant. Son visage s'assombrit. Il allait payer.

Il se mit en marche vers la Cathédrale, la où il connaissait la maison d'un des siens. Il frappa contre la porte. Une jeune femme ravissante ouvrit légèrement, avant de se faire surprendre par un colosse en armure qui lui agrippa la gorge en la décollant du sol et en la poussant à l'intérieur. Les yeux écarquillés, elle se fit projetée contre le mur, sonnée. Il referma la porte.

Après un moment, la porte se rouvrit. Le paladin en sortit, le visage changé, mélancolique. La maison était dévastée, mais la jeune femme était vivante. Il s'en alla, marchant sans but.

Ses pas le menèrent devant la prestigieuse Cathédrale. Il s'arrêta net. Là, sur les marches, droit et fier, se tenait sa prochaine victime. Enfin, il le croyait... Angèlus...

 


Jour 1 - AELLYS - L'enlèvement

Elle avait fait une erreur... Une seule, mais ça avait suffit. Ils l'avaient retrouvée à l'autre bout du monde, si loin qu'elle ne se méfiait plus suffisamment. Désormais, les ennemis de Foxton avaient tous les atouts dans leur jeu. Ils avaient la fille...

Seule dans l’obscurité, avec pour seule compagnie le froid et le silence. Par dessus tout, étonnement, c'est la soif surtout qui était pénible à supporter ; et le temps qui paraissait figé, sans aucun bruit extérieur. Immobile, impuissante, elle sentait monter en elle une terreur diffuse, incontrôlable. A leur merci… Si au moins elle était restée libre de ses mouvements, elle aurait pu continuer à crâner, à faire la fière. Mais dans cette cave, attachée et bâillonnée, réduite à attendre le bon vouloir de ses geôliers sans pouvoir esquisser le moindre geste de défense, elle voyait tout espoir s’envoler hors de sa portée. Plus que l’attente... et la peur.

Moins que la peur de la mort même, c’était le fait de ne pas pouvoir lui faire face debout, l’arme au poing, ne pas pouvoir combattre pour protéger celui dont elle serait la perte. Ce n’était pas comme ça qu’elle voulait que ça se termine et cette situation dont le dénouement lui échappait complètement était insupportable à son esprit. Et puis il y avait cette pensée qui tournait en boucle, revenant toujours plus forte, s’imposant. « C’est ta faute, tu est lâche, tu ne l’a pas protégé. » C’était vrai. Elle aurait pu faire d'autres choix, elle avait dû en faire un. Et elle le regrettait amèrement car il était impossible de faire le bon. Quel qu’il soit, elle était perdante, sacrifiant quelque chose. Sur le moment, elle avait lâché prise, s’avouant vaincue sans même combattre vraiment, elle s'était laissée capturer en cédant à un odieux chantage. Et cette seule pensée qui l’obsédait ne lui laissait aucun repos, aucune possibilité de reprendre pied. Ils avaient gagnés, brisant sa volonté, annihilant sa combativité.

Finalement, l’épuisement fini par avoir raison d’elle et elle sombra dans un demi-sommeil sans rêves. Encore combien de temps à attendre..?

 


Jour 1 - FOXTON - La rencontre avec Jàck / Angélus

Le Paladin s'approcha, dans le dos de Jàck. Il le fixait, comme si son regard avait pu tuer son ennemi. Le Chevalier de la Mort parlait à quelques gus de La Sainte Croisade. Il n'avait pas vu Foxton. A bonne distance, le paladin s'arrêta, observant son ennemi. Et puis ses pensées se bousculèrent. L'arrogance de Jàck, le manque de considération pour la femme que le paladin avait lui même réduit au silence, la capture d'Aéllys, et le chantage, le sourire aux lèvres. Ses mains se crispèrent, et il prit son élan. Le choc fut violent. L'épaule de Foxton, enveloppée d'une pièce d'armure lourde d'une trentaine de kilos, heurta Jàck dans un fracas de métal. Le chevalier fut projeté a quelques mètres, surprit, le souffle coupé. La Sainte Croisade resta interloquée. Foxton semblait prêt à tout, prêt à tout pour la retrouver. Il laissa Jàck se relever, le regardant, le visage remplit de haine.

" Eh bien eh bien... Foxton... Ce n'est pas comme ça que tu changeras sa situation. "

La provocation fit mouche. Le paladin s'avança vers le Chevalier, et le plaqua férocement contre le mur, le tenant par le col. Jàck ne se laissa pas faire. Un coup de tête violent fit reculer Foxton, le nez ensanglanté. Il vacilla un instant, en le lâchant, pour secouer la tête, sonné. Dans un grognement de haine, il prit à nouveau son élan et fonça contre Jàck, épaule devant. Le choc fut plus terrible encore. Angèlus heurta le mur derrière lui, et vacilla, genou à terre, la respiration coupée, un voile devant les yeux. Des mains solides lui agrippèrent une nouvelle fois la gorge, et le relevèrent, le plaquant une nouvelle fois contre le mur.

" Tu crois... Tu crois que ça va changer quelque chose ? Hein ? "

Incapable de parler, Foxton chercha une lettre, sous son tabard, tenant toujours Jàck de la main gauche. Le chevalier en profita. Un coup de poing phénoménal vint rencontrer le visage du Paladin, qui recula de plusieurs mètres, et tomba même à terre. Surprit, il ne se releva pas tout de suite, reprenant ses esprits.

" Tu devrais abandonner, maintenant. "

Un petit groupe de spectateurs s'était formé autour des deux ennemis. Derrière Foxton, une elfe de la nuit - amie de Jàck - fit son apparition. Le Paladin se releva, en crachant et en s'essuyant le visage, le regard toujours sur son adversaire. La situation se compliquait. Angélus devant, l'elfe derrière. Mais il ne lâcherait rien, irait jusqu'au bout.

"Deux contre un, Foxton, devant la Cathédrale, en pleine ville. Tu veux vraiment perdre maintenant ? Tu veux que tout le monde te voie tomber, maintenant ?"

Peu impressionné, le Paladin se retourna vivement, envoyant un puissant coup de genou dans le sternum de l'elfe, l'immobilisant un instant. Empoignant sa hache de guerre, il se retourna vers Jàck, toujours d'attaque. Soudain, un grognement rauque émergea de derrière Foxton. Il se retourna doucement une nouvelle fois pour découvrir un Félin impressionnant le regarder, babines retroussés et canines dehors. L'elfe était un druide. Instantanément, la bête lui sauta dessus, griffant et mordant son armure de métal. Les crocs abîmèrent les lanières et l'armure ralentissait les gestes de son porteur. Foxton se débattait, essayait en vain de se débarrasser du fauve qui griffait son dos. Après un long moment de cette lutte, le fauve lâcha prise, laissant un Foxton exténué, à genou, respirant difficilement. L'elfe en félin alla se placer près de Jàck, le regard fier. Angèlus lui caressa la tête, un sourire aux lèvres.

"C'est tout ? Tsss... "

En effet. C'était tout. Foxton restait à genou, cherchant son souffle, respirant par saccade, sa hache gisant près de lui. Des murmures s'élevèrent dans la foule, des soupirs de déception. Le paladin cracha, et se remit difficilement sur ses jambes, luttant pour se redresser, arme à la main. Après quelques instants, il était debout, respirant fortement, les cheveux sur le visage, le regard sur un Jàck souriant. Le vieil homme fatigué ne lâcha pas la partie. Il empoigna son arme des deux mains, en position de défense, attendant le félin une seconde fois, humant l'air bouche ouverte. L'elfe grogna et montra les crocs, prête, elle aussi. Angèlus prit la parole.

" Abandonne maintenant, ou je la fais exécuter, ce soir. "

Foxton mit un moment à comprendre ce que cela signifiait. Il vit Aéllys dans son esprit, gisant par terre, les yeux ouverts, un filet de sang au coin des lèvres. Il secoua la tête, incertain. Son regard se posa sur l'elfe en forme de félin, puis sur Jàck. Il regarda ensuite la foule qui l'observait, et le haut de la cathédrale, avant de baisser les yeux, lâchant toute combativité. Il avait perdu.

 


Jour 2 - FOXTON - Le combat

La nuit était pâle, la pleine Lune était de sortie. Le sable de l'arène était encore propre. Au centre, se dressant de tout son haut, le Paladin attendait son ultime combat.

" Aéllys est morte ce soir Foxton, comme promis ! Tu n'aurais pas dû toucher à Alyae ! "

La vision du paladin s'obscurcit. Son coeur sauta une pulsation. Il tomba à genoux, respirant difficilement.
Au même instant, quelques soldats d'Angèlus sautèrent dans l'arène. Ils s'approchèrent doucement du vieil homme brisé en le fixant d'un air méfiant. Foxton ferma les yeux sous son casque, pour tuer la partie de lui qui souffrait de chagrin. Lorsqu'il les rouvrit, c'est pour voir naître un regard de détermination et de haine sans précédent. Ses jambes le relevèrent, ses bras empoignèrent sa hache comme si c'était la toute première fois. Son corps se redressa, animé par une force nouvelle. Son visage sombre apparût un instant sous son casque. Il leva la tête vers ses adversaires. Ses joues étaient trempées, et ses yeux brillaient d'une lueur surnaturelle.

Ils étaient une dizaine. Une quinzaine peut-être. Qu'importe, il en tuerait un maximum. Soudain, ils s'élancèrent tous ensemble sur le Paladin. Il fut prit de vitesse, ne pouvant parer toutes les attaques, il croula sur la masse de longs instants... Avant de se relever héroïquement en repoussant ses adversaires, l'armure presque déchirée de coups. Un voleur s'approcha de lui de trop près, il lui trancha la gorge nette, une giclée de sang lui éclaboussant le visage. Un chevalier de la mort esquiva un de ses coups, et enfonça son épée dans la faille de ses épaulières, sous son aisselle. Un autre Chevalier envoya un grand coup de masse dans le dos du Paladin, le forçant à plier, genou à terre. Grognant de haine, il se retourna et frappa ce Chevalier en plein visage, qui tomba loin de lui, complètement sonné. Une lame inconnue vint transpercer Foxton de derrière, son armure ne pouvant plus empêcher le massacre... Ses yeux s'écarquillèrent, et la lame se retira instantanément. Il tomba à quatre pattes, laissant le sang tomber de sa bouche ouverte, a travers son casque. Un coup de pieds le fit rouler sur le côté, et un second lui coupa la respiration. Tout ça, pour en arriver là ? Toutes ces années de crimes et de combats, pour mourir comme ça ? Non. Il se releva rapidement, étonnant ses ennemis....

 


Jour 2 - AELLYS - Le combat

Ils sont venus me chercher, ils étaient trois. Aucun que je connaissais. Un moment, j’ai cru que tout était déjà terminé et qu’ils venaient finir le travail, mais non. Ils m’ont sorti de cette cave où je croupissais depuis un jour plein, une éternité. Dehors, il faisait nuit. Toujours la nuit. Ils ont fait appel à la magie pour le transport et l’instant d’après, je me retrouvai debout, tremblante et les jambes en coton, devant une quinzaine de personnes. Les nausées du trajet par téléportation s’ajoutaient à la faim, la soif et l’épuisement. J’étais à la limite de ma résistance nerveuse. Autour de moi, j’entendais les moqueries et les ordres, les visages défilaient, certains connus, d'autres que je n'aurai jamais cru voir là, la plupart parfaitement inconnus de moi. Et puis il y avait lui, le maître d’oeuvre. Jàck. Toujours pareil, hautain, sûr de lui. Jàck. Sa seule vue suffit à faire monter en moi une rage froide, meurtrière, bientôt recouverte par une vague de désespoir. Il n’y avait plus rien à faire.

Il m’a fallu un certain temps pour comprendre où j’avais été amenée. Le vent chaud sifflait à mes oreilles, le bruit des vagues berçait les sens, les sons exotiques de la forêt proche et l’odeur d’humus et de sel mêlés ne pouvaient laisser le doute. Strangleronce. Bien sur, l’arène, quel meilleur endroit pour une telle mise en scène ? Ils me firent monter sur le dos d’un grand tigre et toute la troupe se mît en marche. La chevauchée fût brève car bientôt se dressèrent devant nous les imposants murs de l’arène. Ils m’emmenèrent à l’écart, loin des autres, cachée à la vue. Et l'attente commença... Enfin, j'entendis les rumeurs de voix indistinctes. L'une d'elle, puissante, surpassait toutes les autres. Je frissonnai, horrifiée, en entendant les paroles.

« Aéllys est morte ce soir Foxton, comme promis ! Tu n'aurais pas dû toucher à Alyae ! »

Mensonge!! J'aurai voulu crier à mon tour, hurler ma présence au paladin, mais le bâillon qui me réduisait au silence était toujours là... J'imaginais, je ressentais la haine qui devait monter en lui, ce sentiment d'impuissance... Tout ça pour ça?! Il devait être ivre de vengeance. L'écho de lames s’entrechoquant couvrit l'appel de la voix.

« Amenez la, qu'elle le voie! »

On me poussa en avant; ils étaient là nombreux, à assister au spectacle du dernier combat de l'homme. D'en haut les murs surplombant l'arène, je l'aperçut enfin. Je ne sais pas combien ils étaient, à tourner autour de lui. Je n'ai pas vu leur visage, je ne pourrai pas les reconnaître. Mais ils étaient une multitude. Ma vision se troubla et je ne vis plus que lui, en armure, casqué, brandissant sa hache avec l'énergie du désespoir. Il n'entendit pas Jàck le railler, ne leva pas la tête, ne sût pas la vérité. Il se battait comme un diable, esquivait, taillait dans la masse, sa large hache tournoyait pour éloigner ses ennemis. Il en envoya plusieurs au tapis; seul contre tous, il résista longtemps avec comme unique but celui d'emmener le maximum de ses opposants avec lui dans la mort. Jusqu'à qu'une première blessure vint le fragiliser, suivi d'une seconde… Ils avaient le temps pour eux. Une lame brillât dans son dos, brisant son élan. Je ne pouvais détacher mon regard de lui, s'effondrant à terre, noyé sous la masse...

 


Jour 2 - FOXTON - Derniers souvenirs

Quelques jours avant le combat, Foxton croise son ami Nërevàr. Ils savent tous les deux que c'est la dernière fois qu'ils peuvent se "parler".

L'un en face de l'autre, debout dans une rue de la vieille ville, leurs yeux parlent pour eux. Tant d'aventures, tant de combats. Tant de rivalités, de complicités. Tout cela était terminé. Tout cela allait se terminer. Il avait choisit sa voie, et le voleur avait prit l'autre. Ils s'aggripèrent le bras, se serrant comme des frères. Les mots ne servaient pas. Seuls les gestes. Les deux hommes se frappèrent l'épaule à tour de rôle, yeux dans les yeux. Puis ils reprirent leurs chemins, le coeur serré.

***

De puissants coups de haches faisaient reculer les hommes de Jàck. Le paladin se battait de toutes ses forces. Mais leurs blessures n'étaient rien, comparés à celle que subissait Foxton. Ces gens là ne se préoccupaient pas de leurs pertes. Pourtant, un bon nombre de cadavres jonchaient le sol. S'en était fait de lui. Ils se rapprochèrent, et lui frappait comme il pouvait. Et puis Jàck perça la foule des combattants. Lâchant un regard méprisant sur un Foxton exténué, il leva son arme vers le ciel, qui fendit l'air et le torse du paladin.

***

"Foxton, vous êtes condamnés à une peine de 15 ans d'emprisonnement, pour une tentative de meurtre sur un soldat de la Garde Impériale, et pour coups et blessures sur le Général de celle-ci. Un mot à dire, sale raclure?"

Le Paladin souriait. Il savait ce qui allait se passer, maintenant. Comme pour lui répondre, des bruits de combats se firent entendre à l'entrée du tribunal. Puis le silence...
D'un coup, une foule de hordeux assoiffés de sang débarqua dans la grande pièce, en massacrant un maximum de monde. Sauf deux personnes. Foxton s'enfuit, suivit par son complice, Whealliam. Ils prirent la direction du Tram des Profondeurs. A l'intérieur, ils s'arrêtèrent un instant pour reprendre leurs souffles. Soudain, un homme entra dans le Tram en courant, un homme en armure. Jàck. Alors les deux compères s'élancèrent dans le long tunnel, prenant la direction de Forgefer, suivit par leur ennemi commun, qui hurlait comme un dératé derrière eux.

***

A genou devant son ennemi, Foxton semblait s'être battus pendant des jours. Une plaie béante fendait son corps, d'une épaule à une hanche. Lâchant son arme, il leva la tête, le regard dans les étoiles, du sang sur les mains, autours de lui, sur lui... Du sang, partout... Et ses larmes... il était mort en vain, elle n'était plus... Le ciel aspirât sa vision un moment, le laissant pour mort sur le sol...

 


Jour 2 - UNTHOIZ / NEREVAR - Adieu et souvenirs

Unthoiz est un chevalier aux ordres de Jàck. C'est lui qui s'est occupé de récupérer "la fille", et reste frustré de ne pas avoir pu la molester un peu plus. Nërevàr lui, est peut être le seul ami que Foxton aie jamais eu. Ce sont tous deux les personnages d'un même joueur et, ironiquement, ils sont frères en rp.

Un violent coup de poing frappa la prisonnière de plein fouet. Enchaînée et bâillonnée dans les sous-sol de la vieille auberge désaffectée de Colline-aux-Corbeaux, tout n'était pour elle que ténèbres et peur.

"Celui là était pour Alyae." lui lançait Unthoïz avant de l'abandonner dans la noirceur obscure de la cave.
Les trois silhouettes des bourreaux quittèrent les lieux, le bruits incessant des gouttes de pluie qui tombaient à l'intérieur du bâtiment et les couinements du lion "Ash", enchaîné également à l'étage du dessus demeurèrent l'unique compagnie de la chasseresse jusqu'au lendemain soir où tout allait se terminer.
Pour le Chevalier, ce n'était qu'une mission en passe d'être accomplie.

***

Nërevâr avait fait ses adieux à Foxton pour de bon. Le soir même, le paladin allait mourir. Repensant aux nombreuses aventures qu'ils avaient vécu ensemble, et même aux nombreux différents, le voleur ne put retenir un sourire. Mais un sourire de tristesse profonde. Reprenant place à son habituel bureau dans les quartiers du SI:7, le jeune homme réfléchit à son rôle dans cette dernière histoire; ou plutôt dans la fin d'une même et grande histoire. Personne ne saura jamais dans quel camp il s'était rangé. Pour les uns, il avait vendu Foxton aux hommes de Jàck, et pour les autres, il avait conseillé Aéllys. Avait-il fait les deux ? C'était difficilement possible, même pour un homme totalement désintéressé et cupide, qu'il n'était pas.

***

"Aéllys est morte ce soir Foxton, comme promis! Tu n'aurais pas dû toucher à Alyae !"

Unthoïz fut un des premiers à se jeter dans l'arène de Gurubashi, un sourire malsain aux lèvres. Bientôt rejoint par ses "camarades", les mercenaires offrirent au paladin un combat tout ce qu'il y avait de plus incorrect. A dix contre un, au sens propre, et sans compter les goules.
Foxton combattit avec bravoure, pour la dernière confrontation de sa vie. Il comptait bien mourir, mais au moins mourir en ayant levé une dernière fois le rideau. Partir en beauté, comme on dit.

Désillusion sur désillusion, peu des hommes de Jàck tombaient, et le chef des mercenaires ne prit même pas part au duel. Ils s'amusaient avec le Paladin.

Le combat prit fin comme il avait commencé, dans l'absurdité et le déshonneur. Un voleur passa derrière Foxton, jouant de sa dague contre sa gorge, et Unthoïz put trouver une faille dans son armure. Un autre Chevalier vint lui asséner un violent coup à la nuque, et le coup fatal ne tarda pas à arriver de l'arrière.
Il s'effondra, sans avoir entendu les paroles de son ennemi juré qui lui annonçait qu' Aéllys était en fait en vie; depuis les gradins.

***

Quelques heures après, l'heure n'était pourtant pas à la fête pour les hommes de Jàck, réunis sur les rives du Lac Miroir.
Ils avaient laissé partir leur prisonnière avec le corps de Foxton. Certains contestaient ce choix, craignant d’éventuelles représailles; d'autres, jugeaient que ce n'était qu'un moindre mal.

"Un grand ennemi de l'ordre est tombé ce soir. Un homme qui m'avait défié à de nombreuses reprises par le passé, et qui avait même défié le maître. Réjouissons-nous de sa défaite, et que sa mort serve d'exemple pour tous ceux qui souhaiteront s'opposer à l'Oméga."

(Jàck) Campillo parla en ces mots fermes, et conclut ainsi un long chapitre.

 


Jour 2 - AELLYS - La fin

Une lame brillât dans son dos, brisant son élan. Malgré tout, il trouva la force de se relever encore, de leur faire face, encore. Mais plus pour longtemps... Inégal, le combat n'avait jamais eu la prétention de lui laisser une chance. La vision brouillée par les larmes, je vis l'homme en noir s'avancer, levant son arme. Comme dans un mauvais rêve, Fox tomba à genou, le regard déjà vide; le temps semblait s'être ralenti, tout devenait flou... Je baissais les yeux et mon esprit résonna longtemps du bruit sourd de la lame qui vint porter l'estocade finale, comme on le ferait d'une bête à l'agonie dont on se décide enfin à abréger les souffrances.

Une clameur s'éleva du fond de l'arène. Il était à terre, pour ne jamais se relever. Jàck fît un signe et je me sentis poussée et tirée vers les escaliers, amenée vers le centre du combat, là où la terre avait pris une teinte rouge sang. Je ne me souviens pas avoir fait le chemin, je sais juste qu'il y avait cet homme… ce MONSTRE qui souriant en me montrant le corps encore chaud. Etait-il seulement mort à ce moment là, ou encore à l'agonie?

« Je t'offre son corps, Aéllys. Fais en ce que tu veux. Libérez la. »

J'entends encore son petit rire vicieux, alors que mes liens tombaient. Je ne savais pas si j'osais bouger, ou si une lame allait moi aussi me faire tomber à ses côtés. Mais rien de tout ça ne se passât. Un pas, puis deux, et je m’effondrais à genou. J'oubliais tout, à peine consciente des gens qui, lentement, silencieux désormais, s'écartaient pour disparaître dans un portail non loin, quittant les lieux comme une bande de loups repus après la curée. Je me retrouvais seule avec celui qui venait de mourir par ma faute, pour moi... Du moins étais-ce ce que mon esprit fatigué essayait de me faire croire, car Foxton avait choisi sa voie depuis bien longtemps. Je n'avais été qu'une anecdote sur sa route. La dernière...

***

« Praesidium. Un campement perdu au fin fond du Loch Modan, un havre de repos pour les hommes et les femmes de Dame Eighir. C'est là que l'elfe et le paladin s'étaient retrouvés par hasard, ne s'étant pas revu depuis bien des mois.

(*Praesidium est le nom de la guilde dont Aé et Fox font partie, une sorte de milice privée.)

Il arrive que des liens se créent sur les champs de bataille. Le genre de lien que seules deux personnes qui placent leur vie dans la main de l'autre peuvent partager. Elle, l'éclaireuse solitaire et lui, le hors la loi sorti des geôles par la Dame, partageaient ce genre de complicité, de confiance aveugle qui, parfois, allait plus loin qu'une simple amitié en se riant des apparences. Malgré ce qu'ils montraient entre eux, ils étaient réellement heureux de s'être retrouvés. Mais peut être auraient-ils dû en prendre conscience plus tôt...

C'était le dernier soir où ils se voyaient, mais cela bien sûr, ils l'ignoraient. Aéllys venait de rentrer dans sa tente, furieuse, venant de se prendre de bec avec l'un des nouveaux venus du camp. Elle ne l'avait pas vu arriver dans son dos. Foxton, lui, la vit tourner les talons et repartir dans sa propre tente. De son pas lent et lourd, il la suivit et écarta doucement l'entrée en toile de sa main gantée. Il entra calmement dans "l'habitat temporaire" de l'elfe, observant tranquillement l’intérieur, avant de fixer l'elfe. Nul ne se doutait des tumultes qui arriveraient bientôt. Nul ne savait ce qui allait se passer. Il l'observa un moment, la voyant nerveuse et agitée. Incapable de prononcer le moindre mot, il lui lança un regard interrogateur.
Ces derniers temps, il ne pouvait s'empêcher de voir en Aéllys autre chose qu'un simple compagnon d'armes.
Elle se tourna vers l'importun qui avait l'audace de venir la déranger. Mais dès qu'elle reconnu celui qui avait pénétré dans "son domaine", elle se ravisa et sourit, un sourire simple, celui de quelqu'un qui reconnaît et apprécie une compagnie longtemps attendue. Nulle parole. Juste un regard et l'elfe perdit sa combativité et son humeur maussade pour redevenir avant tout une simple femme. Nul ne savait ce que les jours prochains allaient amener pour eux deux, surtout pas les principaux intéressés... et encore moins leurs compagnons de fortune qui ignoraient tout du drame en cours et à qui ils se gardaient bien d'en parler. Mais là, pour quelques heures, il oublieraient un instant les nombreuses menaces, ensemble. Le lendemain, ils retourneraient vers la ville, chacun de leur côté, chacun ayant son propre destin à faire avancer.

Dehors, dans le camp, à la lueur des nombreux feux, la vie s'écoulait au quotidien entre rire et pleurs, exploits et anecdotes. Pendant ce temps, devant la tente de l'elfe, un sombre gardien au regard d'ambre et aux crocs aiguisés prenait garde à ce qu'aucun curieux ne s'approchât de trop près... »

***

Foxton est mort. Il est mort et je suis vivante; peut être aurait-il dû me tuer aussi. Peut être il y a-t-il là une raison qui m’échappe. Mais en attendant Jàck a gagné sur toute la ligne, il s’est enfin débarrassé de son vieil ennemi, définitivement. Mais d’une manière qui me reste insupportable...

 


Jour 2 - AELLYS - Epilogue

(Bande son plus que conseillée pour profiter au mieux de ce passage, et dans cet ordre. C'est la bande son qui nous a accompagné à ce moment là en jeu :
Archive - Again
Archive - Goodbye)

Je restais prostrée pendant un temps indéfini. Lorsque je rouvrit les yeux, c'était pour constater que rien n'avait changé, j'étais toujours agenouillée sur le sable rouge de l'arène, seule, le corps de Foxton allongé devant moi, baigné de la douce lueur du clair de lune. Nul besoin de vérifier si il y avait quelque chose à faire pour le paladin. L'armure ouverte et la large blessure au thorax dont un flot de sang avait coulé et commençait déjà à coaguler ne laissaient pas la place au doute. Je levais la main sans oser le toucher puis la ramenait contre ma poitrine, poing serré. Je ne pouvais pas le laisser là. Mon esprit embrumé retrouva instinctivement les réflexes de survie; se lever, chercher... Heureusement, ses meurtriers étaient partis en usant d'un portail et un bon nombre de montures étaient restées sur place. Je les entendais piétiner et, remontant hors de l'arène, allais voir. Je trouvais quelques chevaux et même, en y regardant de plus près, une gourde d'eau pendue à une selle. Je la vidais, m'étouffant à moitié en voulant boire trop vite. Les choses reprenaient enfin un cours normal. Je détachais deux des montures, de petits chevaux quelconques et sans marques particulières. Je ne sais vraiment pas comment j'ai fais, ni combien de temps ça m'a pris, mais je réussi à placer le corps inerte à travers la selle du premier, tandis que je montais péniblement sur le second. Il me fallait quitter les lieux au plus vite, désormais.

Prenant la direction du nord, je poussais les chevaux au petit trot sans savoir où je voulais aller. Tout ce qui comptait pour moi était de m'éloigner de l'arène. Je ne pensais à rien d'autre si ce n'est avancer, encore et encore. A un moment donné, je pris un chemin, une piste à peine taillée à travers la végétation dense. Sentant l'approche des chevaux, les bêtes sauvages s'écartaient devant nous. Enfin, les arbres se clairsemèrent et la grande mer se dévoila à mon regard. Je fis doucement avancer les montures sur le sable blanc et fin de la plage, jusqu'au bord de l'eau. Là, je restai un moment à contempler le paysage illuminé par les rayons de lune qui se reflétaient à la surface de la mer, envahie par une impression de paix et de profonde quiétude. A ce moment là, une idée me vint en tête, claire, limpide, et je sût qu'il aurait été d'accord. Je descendis de mon cheval et m’avançai vers le corps inerte; lentement, je le fis glisser à terre, le tournant sur le dos; le sang avait maculé le cheval de traces rougeâtres. D'un geste, je les repoussais et ils s'éloignèrent de quelques pas, trouvant quelque touffe d'herbe à leur goût.

« Fox... » Son nom s'échappa de mes lèvres entrouvertes comme un gémissement désespéré. Je n'aurais plus l'occasion de l’appeler et de voir son sourire s'illuminer en me voyant. Jamais plus je ne pourrai me moquer en lui lançant mon habituel « Toujours en vie, toi?! ». Il n'y avait plus aucune trace de vie dans ce qui était la dernière preuve tangible de son existence, son corps bientôt aussi froid que le coeur d'Arthas. « Puisse Elune, ou ta Lumière, ou quoique ce soit d'autre... te prendre en pitié... et t'accorder la paix que tu mérite. » Les larmes se remirent à couler sur mes joues, lentement, une à une. Je m'agenouillai à côté de lui et, d'une main tremblante, détachais son casque et lui retirais. Son visage en sang gardait la trace de la haine qu'il avait éprouvé envers son bourreau, et celui du chagrin de me croire morte... Si au moins il n'avait pas cru à ça, si il avait su... A ce moment, quelque chose se brisa en moi; toute la tension nerveuse accumulée au cours de ces derniers jours, la fatigue et la peur, tout ça réuni... Je m'effondrai littéralement, mes mains posées sur sa poitrine immobile et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je pleurais pour lui, pour moi, et pour tout ce que j'avais gardé en moi durant les dernières années; je laissais libre cours à ce que je m'étais si souvent refusé. Quant tout cela s’arrêta enfin, je restais encore un temps secouée de sanglots, puis relevais la tête et mon regard embué de larmes se reposa sur son visage. Lentement, je me relevai, sortant un morceau de tissu de ma poche et alla le tremper dans la mer, puis je revins vers lui pour nettoyer le sang qui maculait sa figure. Je ne voulais pas de ce genre de souvenirs. Mes larmes étaient venues nettoyer la poussière et le sable de son armure, laissant voir le métal sur lequel la lune venait briller, rappelant l'éclat qu'elle avait pu avoir de son vivant. C'est cette image que je voulais garder au plus profond de moi, celle de l'homme libre et fier, de son sourire, de la douceur dont il était capable de faire preuve... Enfin, serrant les dents, je me décidai et entrepris d'amener son corps vers le rivage, le tirant dans l'eau jusqu'à ce que les vagues commencent à vouloir s'en emparer.

Longtemps encore je restais ainsi, le tenant à moitié flottant à la surface, immergée jusqu'à la taille. A cet endroit, la plage s’enfonçait presque immédiatement dans la mer, laissant voir un à un pic impressionnant. Je ne pouvais me résoudre à le laisser partir. Je pensais à ce qui aurait pu être, à ce qui ne serra jamais, et à cet homme qui avait décidé qu'il en serait ainsi. « Je sais que tu ne voudrai pas... Je ne le sais que trop bien... Mais je te jure... » Je me mordis les lèvres pour ne pas achever; réflexion stupide, irréfléchie. Je savais que je ne serais pas capable de tuer de sang froid, de commettre un meurtre... de me rabaisser à son niveau... Je détournai mes pensées de l'homme en noir. Tout viendrai à point, un jour. Enfin, je levai la main, lâchant comme à regret ce qui fût Foxton, le paladin, le hors le loi... l'homme. La mer s'en empara avec douceur, le tirant lentement vers elle. Emporté par le poids de son armure, il coulât alors que je le suivait du regard, jusqu'à qu'il disparu, happé par les abîmes. A jamais.

Je restais là longtemps, debout, immobile sur le rivage, fermant les yeux. Les rayons de la lune venaient apaiser mon coeur. Enfin, secouant la torpeur qui s'emparait de moi, je me mis en route sans un regard en arrière et allait récupérer un des chevaux. Je le lançais au galop sans une pensée pour le terrain tordu et fonçait vers le Bois de la Pénombre. Il me restait désormais une dernière chose à faire. Je sentais – je SAVAIS qu'il avait tenu parole pour ça aussi. Ash. Le lion était tout aussi important à mes yeux que l'homme. Ironie du destin, celui qui m'avait sauvé la vie tant de fois, qui étais pareil à un ange gardien, celui qui accueillait l'homme d'un grondement joyeux et l'appréciait comme aucun autre, avais été un instrument amenant à la mort de celui-ci. Je le retrouvais à l'étage de la ruine qui avait été ma prison, indemne, et le libérai rapidement. Sortant, je repris le cheval et cette fois, le poussant au maximum de ses forces, je savais exactement où j'allais.

***

« Praesidium. Le campement.

Des jours plus tard... D'un coup, voilà qu'Aéllys revient au camp. Elle arrive aux portes montée sur un cheval inconnu dont les flancs sont blancs d'écume suite au rythme rapide qu'elle lui a imposé. Elle se laisse tomber à terre, tendant les rênes au soldat de garde, sans un mot. D'un geste bref, elle récupère un sac attaché à la selle et s'avance dans le camp. Elle est pâle, le visage tuméfié, l'armure salie de terre ocre et de sable. Derrière elle, le grand lion noir avance en trottinant, comme à son habitude, à peine plus méfiant et protecteur.

Elle traverse le camp d'un pas lent, le regard vide, aucune émotion visible. Arrivée devant la tente d'Eighir, elle lance le sac au pied d'un garde en faction. Sa voix est lasse, fatiguée.

"Vous donnerez ça à Dame Eighir et lui direz qu'elle a perdu un de ses hommes."

Sous le choc, le sac s'est ouvert et son contenu a roulé au dehors. Un casque en plaque. Sali, abîmé, fissuré en de nombreux points et recouvert d'une couche de la même terre ocre et de sang séché. Le casque de Foxton.
Aéllys est déjà loin. Elle baisse le regard, ne regardant personne, n'adressant la parole à personne. Ouvrant sa tente, elle fait entrer le lion, puis s'engouffre sous les pans de tissu et en referme soigneusement l'entrée. A peine le bruit de pièces d'armure qui tombent à terre, puis le silence. Dormir, enfin. C'est tout ce dont elle avait besoin.  »