Aéllys

Rencontre I: Le nain

Forgefer, la grande cité des nains. Au dehors, l’air est glacial et les bourrasques emplies de gros flocons viennent gifler les statues de pierre gardant l’entrée. A l’intérieur, grâce aux forges, l’atmosphère y est plus qu’agréable. Partout, la vie suit son court joyeux et plus particulièrement à la taverne du Nain Perdu - située, comme toutes ses semblables, dans l’une des nombreuses maisons creusées à même la roche; elle résonne des discussions animées, des rires et des disputes. Le tavernier vous y accueille d’un enthousiaste « Bonjourrr » agrémenté d’un sourire barbu. Autour des tables en bois, on peut y voir ce soir nombre de nains, des gnomes rigolards et quelques humains égarés. Mais penchons nous sur l’un des convives en particulier ; ce nain-ci est remarquablement grand et robuste, avec une carrure de guerrier redoutable – ce qu’il doit être; il semble être dans la pleine force de l’âge et sa barbe blonde, presque blanche, est soigneusement tressée. Si ce n’était l’état fort joyeux dans lequel il se trouve, on pourrait dire qu’il doit s’agir d’un compagnon fort recommandable.
Mais revenons à la taverne. A cette heure fort avancée de la soirée, la porte s’ouvre pour laisser le passage à un nouvel arrivant. Un, non ! UNE elfe de la nuit s’avance entre les tables ! Voilà qui n’est pas banal. Grande et mince - mais est-il utile de le préciser, elle porte une robe de coton anthracite sous un long manteau de laine de la même teinte. Ses cheveux argentés sont tressés et reposent sur sa poitrine. Ne prêtant pas garde aux nombreux regards qui la scrutent avec curiosité, elle semble chercher quelqu’un ; ayant repéré celui qu’elle voulait, elle vient se placer à ses côtés. C’est le guerrier nain de tout à l’heure, en discussion animée avec un de ses compatriotes.

L’Elfe : *hausse les sourcils* « Hé bien, Shabhal, vous m’aviez promis de rentrer tôt à l’auberge, et je vous trouve encore ici !»
Shabhal : *se retournant à moitié et évitant de peu de tomber de sa chaise* « Héé, mais ch’est ma chère et tendre Aéllych ! Allez, prrenez un verre ! » *s’adressant au nain en face de lui * « Maître Ajaxch ! Remplichez un verre pour notre amie !! »

Celui à qui s’adresse ces dernières paroles, un nain à la carrure tout aussi impressionnante que le premier et affublé d’une courte barbe noire bien taillée, est dans un état tout aussi avancé que son compagnon de beuverie.

Ajax : *prend quelques secondes pour remettre ses idées en place* « Ah voui, ch’est vous ! V’nez trinquer, on se reméromai… rerai… remémorrrait l’bon vieux temps avec Shaaabhal ! Il vient de m’raconter comment il vous j’a… z’a rencontré… » *à ces mots, il s’esclaffe en se tapant sur les cuisses de ses larges mains. L’accès de fou rire manque de le faire s’étouffer*
Aéllys : *imperturbable* « Oui, oui, d’accord. Moi aussi je serai ravie de trinquer avec vous, maître Ajax. Mais nous devons nous lever à l’aube demain. Allez, Shabhal, debout ! Je vous ramène à l’auberge, de gré ou de force ! »

Joignant le geste à la parole, elle empoigne le nain par les épaules et le fait se lever ; Shabhal n’offre qu’une faible résistance, toute son attention étant portée sur ses capacités à rester debout. Aéllys lance quelques pièces sur le comptoir et emmène son compagnon hors de la taverne, après avoir salué Ajax, déjà endormi sur la table. Dans les rues de la capitale souterraine, l’air déjà plus frais réveille un peu le nain.

Shabhal : *ayant déjà commencé à reprendre ses esprits. Quelle force de la nature* « Ch’est vrai cha, je racontais ààà maître Ajax notre première rencontre. On a bien rit, j’vous l’dit ! » *part d’un grand rire* « Vous z’avez quand même pas oublié, vous, ma douce elfette … hips ! »
Aéllys : *murmure pour elle-même* « Oh ça non, ne vous en faites pas… Je ne suis pas prête de l’oublier… »

« Un jour ensoleillé d’été, je parcourais les terres enneigées de Dun Morogh, l’ingrate et froide terre des nains. La neige immaculée reflétais la lumière et en faisais un paysage légendaire (même si personnellement, j’ai toujours préféré la semi obscurité des vastes forêts ; d’ailleurs je n’aime pas la neige et le froid ; ni les nains en général, râleurs et bourru). J’avançais donc sur un chemin enneigé, les pieds gelés malgré mes bottes fourrées, lorsque j’entendis au loin des cris de fureur et le bruit si typique d’une arme maniée d’une main habile. Je partis au pas de course pour voir ce qu’il se passait et arrivait bien vite sur le théâtre du combat ; là, mes yeux brouillés par la vive lumière tombèrent sur le spectacle suivant :

Imaginez un instant le plus grand, le plus puissant des ours de montagne, une bête gigantesque, bien plus grande que le plus grand des elfes lorsqu’elle se mettait debout sur ses puissantes pattes arrières, grondant d’une terrible fureur contre un nain qui, face à la bête, paraissait minuscule. Le nain donc, tout emmitouflé dans une cape en fourrure, tenant dans ses mains une forte hache et un bouclier, tentait d’en découdre avec l’imposant animal.

Le combat était par trop inégal à mon goût et je ne voyais comme seule issue si je laissais les choses ainsi, la défaite inévitable du nain. Je pris donc la résolution de l’aider (voyez en cela la preuve de mon ouverture d’esprit) et envoyais bien vite mon familier sur l’ours afin qu’il en détourne l’attention ; faisant cela, j’empoignais mon arc et me mis en devoir d’aider ce pauvre nain à le terrasser, ce qui fut fait très rapidement car j’avais visé l’endroit précis entre ses deux yeux ; la bête s’effondra dans un nuage de poudreuse. Après cela, alors que je m’attendais légitimement à de vifs remerciements pour l’avoir sauvé d’une mort atroce sous les griffes du monstre, je reçus pour solde de tout compte une bordée d’injures et de noms d’oiseaux de la part du nain. Je vous laisse imaginez mon étonnement, ma stupeur face à ce malotru individu…

Une fois qu’il fut arrivé à bout de son répertoire, nous pûmes alors discuter plus positivement autour du feu de camp que j’avais préparé alors qu’il s’époumonait contre moi. Nous fîmes plus ample connaissance et, comme nos pas nous menaient vers la même région, nous parcourûmes le chemin ensemble, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. A force de nous côtoyer, de combattre de concert et de vivre en bonne communauté, nous découvrîmes que nous pouvions nous entendre et même plus que cela. Et même si, aujourd’hui encore, il reste souvent un compagnon parfaitement invivable – c’est tout de même un nain, c’est avec un grand plaisir que nous parcourons ensemble les chemins à chaque occasion. »