Oroshi

Extrait d'Orr :

" Je me réveille en sueur, encore cette sensation d'étouffement qui m'oppresse. Il faut quelques instants pour que mon esprit revienne ici, dans cette chambre, et non pas là bas, à Orr. Enfin, je reconnais les lieux familiers, sens entre mes mains le frottement du coton du drap, sur lequel elle se sont crispées. Je suis en sécurité, mais malgré ça la sensation d'étouffement ne me quitte pas. J’inspire à fond, mais je sens le sable, l'air poisseux, qui rentre dans ma gorge, je sens les odeurs, sang, pourriture, poudre, j'entend les cris, les hurlement. Toute ma troupe, ce jour là... et moi, derrière, avec notre scientifique qui peine tant à suivre le groupe. L'explosion nous a soufflé en arrière. Il est coincé sous mon corps, il hurle quelque chose, mais je n'entend pas bien, mes oreilles bourdonnent. Je me relève, m’appuyant sur la garde de mon épée, et je vois le combat, là, à 20 mètre à peine. Mais ce n'est pas un combat, c'est un abattoir, une mise à mort. De mes compagnons, les trois quarts ont été pris directement par l'explosion.

Depuis quand, comment, les serviteurs du dragon utilisent des bombes..? Je ne me poserai la question que plus tard. Mortier? Peut être. Les rescapés se font littéralement réduire en charpie. Je m'apprête à les rejoindre, quant une main ferme me retient par le bras. "Non" il me dit, mais je vois surtout le geste de tête qui appuie son non. Il a raison. L'expédition, c'est lui, ses résultats de recherches, tant de choses dépendent de ses carnets de notes. Il faut qu'il survive, qu'il retourne au camp. Je tourne la tête vers ceux qui ont été ma vie ces deux dernières années, mes amis, mes compagnons. Et je les abandonne lâchement, sans combattre, sans essayer d'en sauver un. Je prend l'Asura dans mes bras, sent alors une vive douleur irradier, m'envahir, je serre les dents et fais comme si. Le camp n'est plus qu'à 3 kilomètres... Les plus longs de toute ma vie. "